mardi 1 novembre 2022

Limite Acque Sicure

Le plus souvent quand je dois commencer à écrire sur un album, je me pose la question de savoir par quel bout je vais prendre l'affaire. Au moins, avec Limite Acque Sicure, le groupe me facilite grandement les choses. Se revendiquant au départ comme un cover band de Banco del Mutuo Soccorso, la formation de Ferrare va jusqu'à reprendre l'immense épique "Il giardino del mago" sur son premier album qui sort ces jours-ci. De fait, les clins d’œil au groupe romain sont légions dans ce disque, à commencer par la magnifique intro au piano de "Terra Straniere". Mais, comme d'une part "s'inspirer n'est pas copier" et que d'autre part les membres de Limite Acque Sicure assument leurs références tout en jouant leur propre musique, nous allons écouter et analyser cet album avec le recul et l’impartialité qui s'imposent. Vous allez voir nous allons très bien nous en porter !

Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, Limite Acque Sicure ne tombe pas de nulle part. En fait le groupe a déjà plus d'une quinzaine d'années d’existence, même si la formation actuelle, en sextette, date elle de 2016. Venant d'horizons assez différents (rock, fusion, classique et même métal), ces musiciens cohabitent dans Limite Acque Sicure en apportant et en gardant chacun et chacune leur spécificité artistique, et c'est bien là ce qui contribue à faire la richesse de la musique produite par le groupe. On soulignera ainsi qu'Ambra Bianchi est une flûtiste concertiste réputée avec un CV assez incroyable, alors, qu'à l'opposé, Luca Trabanelli est un guitariste expérimenté venant du métal, un ancien  d'Hocculta (et je peux déjà vous dire que çà s'entend drôlement sur les parties de guitares !). Le groupe créé par Andrea Chendi et Antonello Giovannelli, a d'abord interprété des morceaux de Banco del Mutuo Soccorso avant de progressivement se constituer son propre répertoire, tout en restant dans l'esprit de la banque du secours mutuel. Le moment venu, c'est à dire près de vingt ans plus tard, les six musiciens se sont enfin lancés et ont élaboré leur propre album qui porte le nom de leur groupe et qui se veut conceptuel dans le sens où sont évoqués plusieurs formes de voyages imaginaires et de parcours de vie (vous savez que je ne m'attarde jamais sur les concepts et rarement sur les textes).
Sûr que "Sogno d'Oriente", le morceau d'entame de l'album, aurait plu à Rodolfo Maltese et à Francesco Di Giacomo, tant ses accents arabisants rappellent Indaco, avec quand même une progression vers quelque chose de plus moderne. C'est peut être la chanson la plus accessible du disque avec un tempo simple et des accords principalement en mode majeur. Mais le ton est très affirmé et le long interlude instrumental, aux deux tiers du morceau, est déjà une première belle réussite avec cette  construction ayant pour base des lignes de folklore méditerranéen mutant en une succession de chorus typiques de métal prog (synthé et guitare). "Terra straniera" est la composition la plus ancienne puisqu'elle date de 2007. Sans en rajouter et sans aucune démonstration inutile, le groupe réussit pourtant à sortir un morceau, semblant inspiré d'un chant traditionnel, d'une grande intensité. Le magnifique travail sur les voix doublées n'y est bien sûr pas pour rien. Par opposition, "Il respiro dell'anima" se révèle plus exubérant avec ses passages ouvertement rock et ses variations rythmiques alternant cassures et accélérations. On est ici dans un registre quasi FM qui détonne un peu mais qui fait du bien. Évidemment le retour au romantisme affiché avec l'ouverture apaisante à la harpe de la très belle chanson "Antico mare" fait retomber momentanément la température. Mais la trêve est de courte durée car la dernière partie du morceau nous réserve quelques envolées de guitare électrique absolument majestueuses. Jusque là, nous n'avons pas beaucoup parlé des aspects progressifs de cette musique qui n'en manque pourtant pas, loin de là. Mais autant réserver cette focale pour "Fiamme intorno" car nous avons là plus de dix minutes de bonheur absolu avec une succession de thèmes enchaînés, de passages chantés et de parties instrumentales, autant de rebondissements qui font de ce morceau un moment vrai de musique progressive dans toute sa splendeur et dans tout ce que le rock progressif peut amener d'aventureux  et d'enthousiasmant. Hommage incontournable ou manque de matériau, le groupe a jugé opportun de présenter ensuite sa propre interprétation de "Il giardino del mago". Çà ne paraît rien comme çà, mais les presque seize minutes de ce morceau épique sont un vrai défi technique qui demande, à tous les musiciens, une précision absolue dans l'exécution et un engagement total pour obtenir un rendu à la fois aussi puissant et aussi ultime que l'original avec même quelques libertés prises avec le modèle comme cette longue introduction magique à la harpe. Je vous le dis et je vous l'affirme : mission réussie pour le groupe qui s'en sort avec plus que les honneurs, et avec également une mention spéciale pour l'excellent travail sur la dualité voix masculine/voix féminine qui apporte un indéniable plus à l'ensemble. Au passage, sur ce morceau Andrea Chendi est vraiment habité par l'esprit de son modèle jusqu'à en avoir les accents. Un beau moment. Et tout cela en live, donc sans filet ! Volontairement ou non, le groupe finit avec un morceau court, "Ti salverà", qui pourrait bien évoquer sa propre vision des "Traccia" même si musicalement on pense plutôt à un resucée des chansons pop folk d'Osanna et de Delirium du début des années soixante dix. Puisque nous avons évoqué un peu plus que prévu Banco sur cette fin d'album, un constat s'impose : pour en revenir une dernière fois au rapprochement avec un groupe romain (très) connu, il est clair que les élèves sans dépasser le maître font au moins jeu égal avec lui, si je m'en tiens aux deux récentes offrandes discographiques de la formation en question.  

Je peux vous dire que çà fait très longtemps qu'un album ne m'avait pas autant fait plaisir à écouter, un album fait sans prétention et qui pourtant révèle une musique essentielle, un album qui contient un condensé de cinquante années du prog italien le plus classique et le plus pur, prenant au passage le meilleur des seventies mais aussi ce qu'il y avait à retenir de bon des années quatre vingt (en laissant le reste !) et en incluant la modernité de la période renaissance donc post années quatre vingt dix. En résumé, nous avons ici un album qui  mérite de prendre place parmi les meilleures productions du genre, ce qui n'est pas rien quand même ! 

 

Le groupe Limite Acque Sicure se compose de  : Andrea Chendi (chant), Ambra Bianchi (flûte, chant, harpe), Antonello Giovannelli (claviers), Luca Trabanelli (guitares), Paolo Bolognesi (batterie), Francesco Gigante (basse).

La tracklist (à écouter en cliquant sur chaque titre) :

1- Sogno d’Oriente (12’48)
2- Terra straniera (7’53)
3- Il respiro dell’anima (8’25)
4- Antico mare (8’02)
5- Fiamme intorno (10’48)
6- Il giardino del mago (15’51) (cover live Banco del Mutuo Soccorso)
7- Ti salverà (2’11)

 

Pour commander cet album en CD chez Minotauro store c'est ici.

dimanche 23 octobre 2022

The Lost Vision Of The Chandoo Priest

The Lost Vision Of The Chandoo Priest est en fait le projet de deux musiciens issus de la dernière génération du prog italien. Nous avons déjà rencontré Francesca Zanetta avec Unreal City et Quel Che Disse Il Tuono. Niccolò Gallani joue avec Cellar noise et est aussi dans le même groupe que Francesca, Quel Che Disse Il Tuono. Voilà pour les présentations. Pour le reste cela fait déjà un moment (plus de deux ans en fait) que ces deux là parlent d 'un projet commun. Et voilà, le moment est enfin arrivé ! Avec trois surprises de taille. Tout d'abord, ils ne sont réellement que deux pour tout faire. Ensuite il s'agit d'un album purement instrumental. Enfin, il n'est pas question de prog italien "classico" dans cet album.  

Reprenons les choses dans l'ordre. Ne cherchez pas de signification ésotérique là où il n'y en a pas, le nom du groupe a été choisi parce qu'il sonne bien et aussi car il évoque des atmosphères oniriques et psychédéliques. rêveuses. C'est d'ailleurs le même processus créatif qui a prévalu pour le choix des titres hormis pour " The White Toad majesty" qui fait allusion à Arien, le chien de Francesca, surnommé le crapaud blanc, qui ne se rendra jamais compte de la chance qu'il a d'être l'objet d'un aussi bel hommage musical.

Musicalement justement nous avons un concentré de ce qui se faisait il y une cinquantaine d'années en matière de rock instrumental d'inspiration psychédélique avec un côté fuzzy moins marqué mais bien présent (cf."The White Toad majesty", "Getting nowhere" et "Farewell, dog") et un évident coté distingué en plus ("Floating down the valley"). Si le early Pink Floyd est cité dans les notes, il s'agit avant tout d'une forme de révérence (j'ai bien écrit révérence et pas référence) qui ne ressort que très peu dans cet album ou alors à la marge comme sur une partie de "Entering the void of madness", car les vraies sources d'inspiration sont plus à chercher du côté de l'école suédoise des années soixante dix, à commencer par Bo Hansson, mais aussi Flasket Brinner et à un moindre degré Ragnarök, avec également en sous-jacent quelques allusions à Hawkwind (sur une autre partie de "Entering the void of madness" par exemple). Le choix du tout instrumental se justifie parfaitement par la volonté des deux protagonistes de vraiment aller au bout de leurs idées en en explorant complètement toutes les facettes. L'occasion aussi pour eux d’utiliser leur collection de vieux claviers dont l'insurpassable (pour moi) Eminent Solina String Ensemble (je suis moins fan du son des équivalents de chez Elka). Tout est très bon dans ce disque et chaque piste mérite vraiment de s'y intéresser, mais je dois dire que  "Chasing time in opposite direction (part I) " me semble devoir être l'objet d'une plus grande attention encore tant elle recèle un vrai potentiel proche d'une forme de rock progressif à la Camel. "Dunans castle" est également un autre morceau à classer dans cette catégorie. La madeleine de Proust, parmi les dix titres proposés, est bien évidemment "London underground" aux sonorités Hammond délicieusement rétro avec un faux air de Brian Auger avec l'Oblivion Express.

Pour être complet, le mixage de l'album a été confié à l'éminent Pietro Pellegrini, le claviériste d'Alphataurus, Claudio Falcone (également Alphataurus) a pris en charge la post-production, alors que la supervision artistique était assurée par Matthias Scheller, c'est dire l'intérêt porté par le patron d'AMS lui-même au travail de ses protégés. Le fait est que le résultat est une belle surprise. Francesca et Niccolò s'affranchissent totalement des styles de leurs formations d'origine. Surtout, ils vont jusqu'au bout de leur démarche, ce genre d'album leur permettant de satisfaire à leur désir d'aller vers un format musical uniquement instrumental tout en assouvissant leur envie de créer une forme de musique que l'on pourra résumer sous l’appellation d'art rock - psyché- vintage (ne cherchez, c'est de moi !). En tout cas, bravo à Francesca et Niccolò qui réussissent l'exploit de faire du neuf avec du vieux.

Francesca Zanetta : guitares électriques, basse, Eminent Solina, Logan String Melody II, Elka Rhapsody, Moog Voyager

Niccolò Gallani :  batterie, basse, guitare électrique, flûte, orgue Hammond, Fender Rhodes, Mellotron, Elka Soloist 505

La tracklist :

  1. Floating down the valley
  2. Chasing time in opposite direction (part I)
  3. Entering the void of madness
  4. The white toad majesty
  5. Droplets
  6. Chasing time in opposite direction (part II)
  7. Getting nowhere
  8. London undergound 
  9. Farewell, dog
  10. Dunans castle 

 

 Le lien bandcamp pour accéder à plus d'informations sur cet album (et l'acheter !)

jeudi 13 octobre 2022

Elisa Montaldo + Barbara Rubin + Lattemiele 2.0

 
LATTEMIELE 2.0 - ELISA MONTALDO feat.BARBARA RUBIN

LIVE IN CONCERTO a LA CLAQUE Sabato 3 DICEMBRE

presentano

"PAGANINI ed altre storie" e "A FISTFUL OF PLANETS and Other Galaxies"
 
E' un onore ed un grande piacere per noi della BLACK WIDOW RECORDS annunciare il concerto dei LATTEMIELE 2.0 ed ELISA MONTALDO con BARBARA RUBIN a LA CLAQUE il 3 DICEMBRE 2022.

Per l'occasione i LATTEMIELE 2.0 eseguiranno brani dall'opera "PAGANINI EXPERIENCE" più altri brani del loro storico repertorio progressivo sinfonico in uno spettacolare concerto denominato "PAGANINI ed altre Storie" .

L'opera sul mitico violinista genovese Nicolò Paganini è stata presentata solo 1 volta dal vivo in Italia, proprio a Genova durante il Progfest del 2019, quindi questa sarà una esibizione molto importante per i 4 musicisti, Massimo Gori (Basso, chitarra e voce), Luciano Poltini (tastiere), Elena Aiello (violino), Marco Biggi (batteria) che per l'occasione avranno anche due ospiti talentuosi come Giampaolo Casu (Chitarra dei Gleemen) ed Edmondo Romano (polistrumentista apprezzato e coinvolto in mille altri progetti).

Ad aprire la serata un due composto da due musiciste eccezionali come ELISA MONTALDO (voce, tastiere e strumenti etnici) e BARBARA RUBIN (voce, viola e violino). Entrambe sono ben conosciute nel mondo del progressive, ELISA come Pianista, cantante compositrice Genovese, fondatrice e tastierista del gruppo prog italiano Il Tempio delle Clessidre, attiva in svariate collaborazioni discografiche con artisti italiani e internazionali. BARBARA come Violinista, cantante e compositrice Lombarda, attiva dai primi anni 2000 su palchi e collaborazioni discografiche rock e prog (Arcansiel, Loreweaver). Vincitrice di diversi concorsi nazionali di cantautori, si dedica alla produzione dei propri album solisti Under the ice, Luna Nuova e The Shadows Playground occupandosi di ogni processo lavorativo.

Questa è la prima volta in assoluto che le due si esibiscono assieme su un palco con questo spettacolo quindi sarà un grande piacere ed una vera sorpresa per tutti ammirarle ed ascoltarle nelle loro creazioni sonore. Questo concerto, chiamato "A FISTFUL OF PLANETS and other galaxies", sarà l’intersezione tra i loro diversi mondi con l’intento di trasportare i presenti dentro alle loro visioni oniriche con sonorità ora classiche ora sperimentali e trasmettere emozioni sfaccettate attraverso luci ed ombre, tempo e spazio, realtà e sogno.

Vi aspettiamo numerosi e PROG ON.
Inizio spettacolo ore 21,00
Prezzo -15 €
Per informazioni e pre-vendita:
Teatro La Claque
via di san donato 9 angolo vico biscotti-Genova
010 247 0793
Oppure
Black Widow Records
Via del Campo, 8 r - Genova
Tel 010 2461708

samedi 8 octobre 2022

Arturo Stàlteri : Visione dai Tarocchi

Arturo Stàlteri est un musicien à part dont personne ne pourra nier le talent extraordinaire de pianiste. Il est d'ailleurs toujours en activité et se produit régulièrement en concert. C'est aussi un compositeur brillant doublé d'un compositeur raffiné. Il a, à son actif, plusieurs albums sous seul nom mais est surtout connu dans le milieu de la musique progressive pour avoir été un des membres fondateurs d'un groupe au statut mythique : Pierrot Lunaire. Une formation qui a produit entre 1974 et 1976 deux albums absolument uniques à la pointe de l'avant-garde de l'époque. Le nom du groupe n'avait pas été choisi au hasard et faisait bien référence à l’œuvre d'Arnold Schönberg, ce que ne démentissaient pas plusieurs morceaux de Pierrot Lunaire (1974) et surtout de Gudrun (1976). Arturo Stàlteri a ensuite poursuivi sa carrière d'artiste avec une flopée d'albums solo, travaillant au passage avec des noms aussi connus que Fabio Liberatori et Philip Glass, c'est dire le niveau du monsieur. Le plus incroyable est qu'Arturo n'a que soixante deux ans, il a commencé très jeune son parcours de musicien puisqu'il avait à peine quinze ans à l'époque de Pierrot Lunaire. C'est donc un jeune homme en pleine forme qui nous sort aujourd'hui du placard une œuvre qui a bien été jouée mais est restée non éditée pendant presque quarante ans. Visione dai Tarocchi  (la vision des tarots) est au départ un ballet de la chorégraphe américaine Barbara Schaefer, pour lequel Arturo Stàlteri a écrit, joué et enregistré la musique, présentée les 28, 29, 30 et 31 mai 1985 au Théâtre de Trastevere à Rome.
Il s'agit d'une œuvre onirique à travers laquelle Arturo exprime, à sa manière, sa vision ésotérique, allégorique et prémonitoire des cartes du tarot. Pour vous en convaincre, écoutez donc le romantique et mélancolique "Gli amanti", sûrement la plus belle pièce de l'album mais aussi la plus conventionnelle (ceci expliquant sans doute cela). C'est également l'occasion pour lui de poursuivre ses recherches musicales et ses expériences sonores (cf. "L'appeso", "Il mondo") largement entrevues avec Pierrot Lunaire sur le très exigeant Gudrun et encore plus affirmées avec son premier album solo, André sulla Luna, sorti en 1979. Il confirme ainsi sa volonté d'aller toujours plus loin dans l’exploitation des possibilités des machines électroniques ("Il bagatto") mais se positionne aussi clairement comme voulant rester en dehors du flux mainstream. En fait, cette musique, restée cachée aussi longtemps, peut être considérée comme son troisième album solo, après donc Andrè sulla Luna et E il pavone parlò alla luna (sorti en 1987 mais enregistré bien plus tôt entre 1980 et 1982), 

Pour la petite histoire, Visione dai Tarocchi a été composé, enregistré et produit par Arturo Stàlteri au studio Citadel en 1985. Il était seul aux manettes mais également l’unique interprète de sa musique utilisant de nombreux claviers réputés comme un piano Kawai KG 2C, un orgue électrique Farfisa Vip 23, un synthé ARP Solus, un clavier Casio SA 77, un Waltsynth. Le reste des sons produits étant extraits de bandes sonores, de boucles et d'effets divers. 

Il ne faut pas se tromper de diagnostic, même si je peux comprendre que l'on peut avoir une perception différente de cet album, car malgré son côté relique, il s'agit bien d'une œuvre totale, aventureuse et sans compromis qui étonne également par le fait, qu'à aucun moment, on ne ressent le besoin d'entendre d'autres instruments que ceux mis en scène par Arturo. Pour tout vous dire, cela fait un choc d'écouter ce genre de musique de nos jours car cela nous replonge dans un univers sonore à tout jamais disparu, n'en déplaise aux apprentis sorciers qui tentent vainement de recréer aujourd'hui la magie d'un monde qu'ils n'ont pas connu, pauvres d'eux ! En attendant, si vous êtes dans une période nostalgique de spleen, tentez l'écoute, vous serez pile dans l'ambiance ("La morte", "L'imperatrice"). Il se pourrait même que certaines des séquences de cet album vous mettent les nerfs à rude épreuve, comme les deux pistes qui se suivent "La ruota" et "La forza". Voilà un lien YT pour vous donner une idée : teaser Visione dei Tarocchi.



La tracklist :

1 La Morte
2 L’Imperatrice
3 Il Bagatto
4 L’Appeso
5 Gli Amanti
6 La Ruota
7 La Forza
8 Il mondo

Label : M.P. & Records
Distributeur : G.T. Music Distribution

mercredi 5 octobre 2022

Aliante : Destinazioni oblique

Sans faire beaucoup de bruit dans le Landerneau du prog italien, Destinazioni oblique, le troisième album d'Aliante est sorti le Le 24 août 2022.  Le groupe de base ne comprend plus aujourd’hui que Alfonso Capasso à la basse et Jacopo Giusti à la batterie. Le troisième larron de la bande, Enrico Filippi, a donc quitté le navire et est remplacé aux claviers par Michele Lenzi (également au basson, à la flûte et à la guitare acoustique). La formation est complétée par Davide Capitanio aux guitares et Marianna Vuocolo qui apparaît au violon sur "Coda marea" (elle était déjà présente pour un morceau, "ai confini del mondo", sur l'album précédent).

Les leaders d'Aliante, Alfonso Capasso et Jacopo Giusti nous ont concocté soixante seize minutes de musique sans paroles et c'est une fois de plus très réussi, loin très loin du format instrumental contemplatif ou mou ou chiant (ou les trois réunis !). Avec Aliante, il se passe toujours quelque chose ! Chaque morceau, d'une durée comprise en général entre sept à neuf minutes est un mini épic, avec à chaque fois plusieurs parties enchaînées, parfois même juxtaposées, permettant de varier notablement les atmosphères et les thèmes. Musicalement, c'est très riche. Ce serait donc assez fastidieux à décrire mais c'est par contre passionnant à écouter car il n'y a ni temps mort ni passage à vide. Puisant autant dans la musique classique que dans le jazz, dans la musique folklorique que dans le rock, ayant également recours aux effets électroniques, Alfonso Capasso et Jacopo Giusti s'amusent à mélanger ces genres musicaux avec toujours une pertinence dans le propos. Car loin de tomber dans la facilité, ils font toujours preuve d'une exigence certaine en matière d'écriture musicale. C'est très souvent dense, inspiré et parfois même inattendu. Et c'est toujours très classe ! On mettra à part "Destinazioni oblique" qui consiste en un texte récité par Serena Andreini, supporté par un accompagnement relativement discret voire neutre à la guitare acoustique. Mais la grande évolution vient incontestablement de la présence d'un guitariste à temps plein, fait nouveau pour le groupe qui  fonctionnait jusque là avec deux claviéristes (+ la section basse/batterie bien sûr). Et le moins que l'on puisse dire est que Davide Capitanio n'est pas là pour faire de la figuration. Ses guitares jaillissent de partout et dès le premier morceau, "Il mondo di fronte " c'est la fête avec un riff bien gras de guitare électrique qui m'a même fait douter un instant, en me demandant si j'avais bien affaire à Aliante. Je vous rassure (ou pas), le garçon n'est pas un guitar-héro et ses autres interventions sont moins tonitruantes  mais toujours efficaces et justes. Bien que limitée à une seule piste ("Code marea"), la présence du violon de Marianna Vuocolo est un nouvel enchantement pour un morceau d'une intensité remarquable. Parmi tous ces excellents titres, c'est d'ailleurs sans doute celui qui me fait le plus d'effet, justement car il prend aux tripes. Je le redis, définir la musique du groupe sur Destinazioni oblique est une gageure. Disons que c'est de l'instrumental kaléidoscopique. Pas sûr que çà vous éclaire beaucoup plus. Le mieux est donc d'écouter cet album. Ce qui est sûr c'est que vous ne vous ennuierez pas pendant soixante seize minute. Mieux ! Vous ne verrez pas le temps passer. 

La tracklist : 

1. Il mondo di fronte
2. Frammenti di un giorno
3. Home trip
4. Destinazioni oblique
5. Cartimandua
6. Coda marea
7. L'ultimo riflesso
8. La salita
9. Tra cielo e terra
10. I pomeriggi di armida 

C'est sorti chez Mellow Records

lundi 3 octobre 2022

Concert Elisa Montaldo + Barbara Rubin

Première apparition officielle pour Elisa Montaldo et Barbara Rubin, qui travaillent sur un projet musical commun depuis déjà quelques mois. La première partie de ce concert unique sera assurée par LatteMiele 2.0 qui présentera son spectacle "Paganini ed altre storie". Une grande soirée en perspective à La Claque à Gênes.
 

jeudi 29 septembre 2022

Caravaggio

 

Mai 2022 : l'album complet de Caravaggio est enfin mis en ligne sur bandcamp. Le premier bon point est pour la couverture du disque même si je trouvais celle proposée en 2020, pour la sortie des deux premiers titres "Joyful Graveyard" / "Before my eyes", beaucoup plus avenante. J'attendais d'ailleurs beaucoup de ce groupe après ce ballon d'essai entendu il y a deux ans. Dès la première écoute, il est clair que ces musiciens jouent bien et que la production est excellente. On retrouve donc le hard prog racé de "Before my eyes" qui m'avait tapé dans l'oreille il y a deux ans. Le titre suivant, "Not on me", reproduit plus ou moins le même schéma avec un accordéon en arrière plan et juste quelques riffs de guitare métal en plus. Il semble que cette omniprésence de l'accordéon soit la marque de fabrique du groupe puisqu'il est encore de la partie sur la très belle chanson "Joyful Graveyard" aux accents West Coast. En parlant de belle chanson, il est évident que "Guernica" est une réussite totale avec ce délicieux rythme en 6/8 discrètement souligné par des castagnettes. J'avoue que le groupe me perd un peu avec "Healing the leaders" pour qui ressemble assez à une incursion dans le post rock. La transition avec "Unlike dolphins" est assez étonnante tant ce titre développe un côté avenant presque aguicheur mais dieu que le break central, beaucoup plus rugueux, a de la gueule ! L'instrumental "Pompéi", volontairement très axé folklore méditerranéen, est un pur moment de délice avec ses voix flottantes, mais il a aussi pour lui d'avoir été composé et arrangé (les cloches, les castagnettes, les voix) dans l'esprit de ce que faisait les grands compositeurs italiens de musique de films des années soixante et soixante dix pour les bandes son des westerns. Ecoutez ce morceau en fermant les yeux, je vous garantie un effet saisissant de retour dans le temps à cette période bénie. Je retrouve ensuite ce qui me plaît le plus avec ce groupe. "Comfortable" est un titre accrocheur très plaisant et, une fois encore, l'adjonction d'un accordéon folklorique, tout au long du morceau, est vraiment très réussie mais ce qui fait vraiment la différence dans ce titre, c'est bien cette couleur bluesy larvée apportée par la voix chargée de soul de  Vittorio Ballerio. "Fix you" pourrait me faire un peu le même effet que "Not on me" et "Unlike dolphins" à la différence près que ce qui est mis en avant dans ce morceau est avant tout le côté chanson avec un pouvoir magnétique en partie dû à la présence de Courtney Swain, l’emblématique chanteuse de Bent Knee. Et il faut bien dire que cette reprise n'a rien à envier à l'original de Coldplay avec peut être même un supplément d'âme en plus. Il y a enfin la dernière piste qui vaut vraiment le détour. "Life watching" est un titre efficace, tout en retenue,  avec un refrain imparable. Cette fois, c'est la flûte qui vient rehausser le morceau de quelques trilles virevoltantes alors que ce sont les lignes de basse qui servent de fil conducteur à ce titre haut de gamme. Fin de parcours sur une très très bonne et belle note. Je pense réellement que ce groupe propose des solutions mélodiques et harmoniques très intéressantes et parfois même originales, si l'on se place dans le cadre plus réducteur du prog italien. Je crois également que ce groupe a un  gros potentiel et qu'il a encore, et c'est heureux, une nette marge de progression, notamment en affinant et en affirmant son style. Caravaggio fait partie des rares groupes actuels italiens qui peuvent prétendre incarner l'avenir du RPI. Cet album nous permet d'attendre sereinement et avec confiance la suite.  

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, mandoline, bouzouki, programmations), Marco Melloni (basse), Alessio Del Ben (batterie)

Participations de :
Courtney Swain (Bent Knee): chant sur " Fix You "
Guido Block: chant sur "Not On Me" 
Simona Aileen: chant sur "Guernica" et "Pompeii"
Erika Carretta: chant sur "Comfortable"
Antonio Zambrini: flûte sur "Life Watching"
Nadio Marenco: accordéon sur "Before My Eyes"
Mauro Poeda: accordéon on "Joyful Graveyard"
Carmine Turilli (Krayl Accordion): accordéon sur "Not On Me and Guernica"
Massimo Mescia: piano sur "Not On Me"
Alex Sandro La Bua: percussions 

La tracklist


1.



2.
Not On Me 03:36



3.



4.
Guernica 08:04



5.



6.



7.
Pompeii 02:28



8.
Comfortable 05:26



9.
Fix You 04:43



10.

dimanche 25 septembre 2022

Habelard2 : punti di vista

Toujours fidèle à son rendez-vous annuel, Sergio Caleca nous livre le résultat de ses travaux musicaux réalisés à nouveau en solo avec sa collection d'instruments. ses programmations et son studio virtuel. Car cette fois encore Sergio est seul maître à bord de A à Z, ce qui sous-entend que c'est lui qui joue de chacun des instruments que l'on entend. Entièrement instrumental, ce nouvel album mêle (je devrais même dire "dilue") une fois de plus les styles de musique qu'affectionne Sergio, à savoir la pop/rock, le jazz, le classique et le folk, le tout agrémenté de quelques discrets éléments électroniques.

Petit décodage des treize titres, une fois n'est pas coutume :

" Punti di vista" : ballade hypnotique en 5/4 avec un bouquet final dramatique. Les nombreux instruments utilisés entrent en scène les uns après les autres, un peu à la manière d'un Mike Oldfield (synthé, basse, guitares, flûte, Wurlitzer, harpe, vibraphone, Mellotron, piano, orgue, string ensemble), d'ailleurs la tonalité générale du morceau n'est pas si éloignée que cela des grandes œuvres aventureuses de l'Anglais. 
" Discrepanza" : morceau alambiqué en 11/8 puis en 6/4, construit sur un ostinato entêtant suivi d'un refrain, puis l’enchainement se fait en douceur (quelques accords de guitare servent de pont) avec l'arrivée d'un second thème, le tout est ensuite trituré et malaxé avec beaucoup d'adresse.
" La teoria del complotto " : petite fantaisie folk avec un côté médiéval prononcé encore accentué par les timbres de harpe, de violon et de flûte. La fin du titre est très romantique.
" Stringato nel dire " : suite assez logique du morceau précédent avec une couleur folk rock très proche. C'est en fait la deuxième partie du titre "Stringa" qui apparaissait sur l'album 20 anni dopo sorti confidentiellement en 1994. La part belle est laissée aux guitares acoustiques, ce qui donne évidemment une couleur très laid back au morceau.
" Eloquente " : titre également construit sur un ostinato joué d'abord au piano avec, au fur et à mesure que le morceau avance, de nombreuses interventions d'instruments, notamment à vent (flûte, hautbois, clarinette, basson) mais aussi des cordes (pour le côté dramatique) permettant de varier l'intensité de l'interprétation de cette pièce qui ressemble assez à une passeggiata au rythme pompeux.
" Spigolature" : morceau syncopé en 10/4 avec un thème joué à la  guitare électrique repris d'abord à la flûte puis aux claviers, notamment par un orgue Wurlitzer. Le titre tire en longueur permettant ainsi à Sergio d'amener quelques variations et de courts développements. 
" I sogni nel cassetto " : curieux morceau de pop romantique qui fonctionne en 3/4 avec un étonnant enchaînement d'accords (Do sus 2, Do mineur et Do majeur). La partie finale est un long decrescendo.
" Tergiversando " : morceau efficace et facile d'accès (rythme en 4/4) d'inspiration rock US sudiste de par les accords et les riff utilisés, une sorte de "Jessica" mais en plus lent et plus sage..et en plus italien !
" Turpiloquio " : le côté légèrement sautillant est donné par le rythme en 5/4. L'enchaînement répété de deux thèmes (avec le premier thème, à la ligne de basse caractéristique, joué alternativement sur deux hauteurs de ton) remplace l'habituel couplet/refrain, en jouant aussi beaucoup sur l'alternance entre le mode majeur et le mode mineur, jusqu'à la reprise finale. Le résultat est très entraînant et dégage en même temps un sentiment d'apaisement.
" La media ponderata " : une ambiance jazzy très soft, des accords plaqués par paires, Mi mineur avec La mineur, Ré avec Sol, un rythme tout simple en 4/4, une belle échappée pour le thème final rien de compliqué, mais çà fonctionne parfaitement et surtout çà rayonne.
" Il bicchiere mezzo vuoto "  : un jeu d'allers-retours entre un même thème très simple, joué d'abord au piano (puis ensuite couplé avec la basse) alternativement en 13/4 puis en 6/4 ce qui donne ce swing si particulier qui semble ne jamais vraiment décoller, des ornementations ajoutées à la guitare électrique et à l'orgue.
" Il bicchiere mezzo pieno " : reprise du thème entendu sur le morceau précédent mais cette fois il s'agit d'un allegro en 8/4 avec un orgue Hammond très présent
" Gli scheletri nell'armadio" : il s'agit d'une jolie petite sonate pop avec divers claviers successivement identifiés (piano, orgue et Wurlitzer) qui se relaient pour jouer les thèmes solistes accompagnés par des instruments à cordes et à vent réunis en un discret orchestre accompagnant,

Comme à chaque fois avec Habelard2 (Sergio Caleca), la proposition musicale est convaincante. Le rendu est toujours propre avec beaucoup de fluidité et une certaine forme d'évidence qui cache le fait que les compositions sont parfois beaucoup moins simples qu'il n'y parait (voir mon décodage titre par titre). En résumé, c'est à nouveau un sans faute pour Sergio Caleca et donc un très bon album d'Habelard2. 

Voici son lien bandcamp : habelard2

Tracklist :

1. Punti di vista
2. Discrepanza
3. La teoria del complotto
4. Stringato nel dire
5. Eloquente
6. Spigolature
7. I sogni nel cassetto
8. Tergiversando
9. Turpiloquio
10. La media ponderata
11. Il bicchiere mezzo vuoto
12. Il bicchiere mezzo pieno
13. Gli scheletri nell'armadio

samedi 24 septembre 2022

Banda Belzoni : Timbuctu

Je vous passe le message du groupe Banda Belzoni :

Le nouvel album de Banda Belzoni s’appelle Timbuctu. Nous vous invitons à un autre voyage musical parmi les plateformes numériques, sur vinyle et aussi sur CD grâce à Maracash Records.
La sortie est prévue le 23 septembre 2022. Après le premier album Opera qui a été très apprécié et joué à partir de 2019, c’est une nouvelle étape importante pour le groupe drivé par Gigi Venegoni (Arti + Mestieri, Venegoni & Co) et Sandro Bellu (The Egonist), mais aussi un petit pas en avant pour l’humanité.
L’album comportera onze nouveaux titres (huit en version vinyle) et regroupera plusieurs invités très distingués que nous annoncerons en septembre (en fait, on peut le déduire de cette annonce !).
Cette fois, il s'agit de suivre le voyage en bateau de Giovanni Battista Belzoni de Gibraltar à Tombouctou. Pendant la traversée, à l’été 1823, le géant de Padoue retrace l’histoire de sa vie et la partage avec ses compagnons de voyage. C’est une profonde combinaison d’émotions et de passions. Il se souvient de ses séjours à Moscou et au Danemark, à Paris et à Londres. Il revit les grandes aventures, mais surtout les années passées avec Sarah, la femme bien-aimée, la compagne de toute une vie.
Le disque a été enregistré en automne 2021 aux studios Blumusica, à Turin.
La couverture est signée du maître Walter Venturi. Le premier dessin a été dessiné l’hiver dernier devant une assiette exquise de rigatoni dans un restaurant près de la gare Termini, à Rome. L'engouement a été immédiat et c'était parti. À l’origine dans le ciel il y avait l’œil d'Horus. Cependant, ceux qui l'on vu ont dit tout de suite "Alan Parsons!", à juste titre. Nous avons donc mis le symbole du « ciel ». Et la perspective s’est allongée. 

Pour rappel, le groupe Banda Belzoni est en fait l'association entre Gigi Venegoni et Sandro Bellu. Les autres intervenants sur cet album sont : Lino Vairetti (Osanna, chant sur 8), Franco Mussida (PFM, guitare), Andrea Pettinelli (Lo Zoo di Berlino, claviers), Mauro Mugiati (A Lifelong Journey, chanteur principal), Marta Caldara (Syndone, vibraphone et sylophone), Carlo Bellotti (batterie), Fulvio Bosio (basse), Paul Mazzolini (chant sur 6).

 
La tracklist : 
1. Sarah saraï, pt 1 (Gibilterra)
2. Intrigoni
3. Se mi oriento
4. Srivi con ogni carovana, pt 3
5. La città delle luce (instrumental)
6. Oltre il mare (chant : Paul Mazzolini)
7. Copenhagen
8. Latitudine zero (chant: Lino Vairetti)
9. La nuvola
10. Il discorso del Se (instrumental)
11. 1. Sarah saraï, pt 2 (l'approdo)
12. Sarah (bonus track - english version)

dimanche 18 septembre 2022

Phoenix Again : Vision

On connaît bien ici et on apprécie grandement Phoenix Again, le groupe de la fratrie Lorandi (voir tous les articles et interview qui lui sont consacrés sur ce blog). Après un quasi sans faute avec ses trois premiers albums, les Lombards avaient surpris tout le monde avec un Friends of spirit très typé, développant une forme de soft jazz latino et hispanisant, pas désagréable du tout mais finalement assez déroutant par rapport à ce à quoi la formation italienne nous avait habitué. Avec Vision, les membres de Phoenix Again semblent vouloir renouer avec tout ce que l'on aime dans ce groupe : à savoir un prog instrumental raffiné (seul " Propulsione " est un morceau chanté) très mélodique et fluide que l'on retrouve aussi bien dans la longue et magnifique "Ouverture" que dans "Moments of life", ce dernier titre étant traversé par des boucles de synthé dont les timbres rappellent Ozric Tentacles. Quelque part Phoenix Again est le pendant de Camel à quelques années d'écart. Mais ce positionnement qui reste relatif, car limité à cette manière toujours très douce d'approcher les thèmes ("Air", "Three Four"), n'exclut aucunement les rythmiques syncopées quand les musiciens ressentent le besoin de faire bouger leur musique, ce qui est le cas avec "Tryptich", un morceau qui déménage bien. Mais le groupe semble vouloir aller plus loin avec des titres plus ambitieux comme "Psycho" qui décolle vraiment. (enfin à l'échelle de Phoenix Again bien sûr) ou encore, dans un autre genre, "La Fenice alla corte" del Re", la pièce la plus sophistiquée de l'album. Mais le morceau qui sort réellement du lot est sans conteste "Propulsione". Articulé en deux parties, le titre démarre par une longue introduction avec une guitare électrique lancée dans une cavalcade épique, suivie d'une deuxième partie illuminée par une ligne de chant qui évoque irrésistiblement celle d'In the court of the crimson king" ; un titre vraiment sympa, riche de ses chœurs et de ses arrangements de cuivres. Changement de décor avec "Mamma RAI" qui apparaît comme une ballade romantique d'inspiration classique. Le morceau est en fait un enchaînement de citations de compositeurs classiques (Rossini et un concerto pour orgue d'Haendel) aux côtés desquels apparaît le plus contemporain Riccardo Lucciani avec un extrait de sa "Chanson balladée", placée en 3ème citation, avant d'entendre, ce qui ressemble à un joli moment de folie en toute fin de piste, avec une interprétation assez décapante, et pour tout dire très rock, du "Prélude" tiré du Te Deum de Charpentier .
Vision peut se voir, et surtout s'écouter, comme un délicat kaléidoscope sonore qui vous charmera pendant cinquante deux minutes avec des morceaux plus nuancés et moins décisifs que sur Look Out et Unexplored. Il s'agit sans aucun doute d'un choix artistique que nous respecterons même si nous gardons en mémoire la puissance contenue des titres comme "Adso da Melk", "Oigres" "Whisky" ou "Look out". Nous sommes en tout cas vraiment heureux de retrouver Phoenix Again à son meilleur niveau. Ce groupe poursuit un parcours discret que l'on voudrait justement mieux mis en avant. Espérons que c'est pour cette fois avec un nouveau label de distribution Ma.Ra.Cash.

Le groupe : Sergio Lorandi (guitares, chant), Marco Lorandi (guitares, chant), Antonio Lorandi (basses, chant), Giorgio Lorandi (percussions), Silvano Silva (batterie et percussions), Andrea Piccinelli (claviers).
+ Daris Trinca (glockenspiel sur 1), Annibale Molinari (cor sur 7), Lorenzo Poletti (trombone sur 7), Erika Marca (trompette sur 7), Giovanni Lorandi (chœurs sur 7), Karin Pilipp (chœurs sur 7), Simona Cecilia Vitali (chœurs sur 7), Alessandra Lorandi (chœurs sur 7).
 
La tracklist :

1. Ouverture
2. Moments of life
3. Triptych
4. Air
5. Psycho
6. La Fenice alla Corte del Re
7. Propulsione
8. Mamma RAI
9. Threefour


 
 
 

vendredi 16 septembre 2022

Banco del Mutuo Soccorso : Orlando, le forme dell'amore

Il y a deux groupes pour lesquels je n'arriverai jamais à m'habituer à l'absence de leur chanteur emblématique, Yes avec Jon Anderson et Banco del Mutuo Soccorso avec Francesco Di Giacomo. C'est comme çà ! Avec ce nouvel album de Banco, c'est encore pire car Vittorio Nocenzi en tentant une nouvelle fois de réactiver la magie du vieux Banco réussit au moins partiellement son pari. Car de fait cette fois, çà fonctionne plutôt bien dans l'ensemble, surtout au niveau des compositions qui renouent avec une marque de fabrique propre à Banco. Alors, que l'on soit bien d'accord, je n'ai rien contre Tony d'Alessio qui est un garçon très sympathique et un chanteur qui connaît son métier, mais à l'écoute de cet album, je ne m'y retrouve pas. Il y a des manques pour moi. Ou plutôt un manque. Alors je sais, çà ne fera pas revenir Francesco mais ce qui aurait été hors norme avec le gentil géant romain se révèle très ordinaire avec un autre chanteur, aussi méritant que soit Tony D'Alessio, je le redis. Ainsi sur un morceau comme "La pianura rossa", la puissance vocale de son prédécesseur et surtout son emphase font clairement défaut. Il n'y a plus dans la musique du Banco d'aujourd'hui cette intensité qui la caractérisait, qui faisait de chaque morceau une performance ultime. Ceci étant dit, Banco reste un groupe qui se place au-dessus de la mêlée avec des prestations live actuelles de grande qualité. Et quand j'écoute un titre comme "Cadere O Volare", oui c'est vrai, je crois pendant quelques minutes que le mythique Banco est revenu.  Alors, il ne faut pas m'en vouloir si je préfère écouter les instrumentaux "La maldicenza" et "Il paladino". Çà sort le 23 septembre chez Inside Out. Le CD fait près de 80 minutes et la pochette est très belle !

La tracklist :

1. Proemio
2. La pianura rossa
3. Serve Orlando adesso
4. Non mi spaventa più l'amore
5. Non serve tremare
6. Le Anime deserte del mondo
7. L'isola felice
8. La Maldicenza
9. Cadere O Volare
10. Il paladino
11. L'amore accade
12. Non credere alla luna
13. Moon suite
14. Come e successo che sei qui
15. Cosa vuol dire per sempre

Le groupe : Vittorio Nocenzi (piano, synthés, chant), Filippo Marcheggiani (guitares, chœurs),Nicola Di Già (guitares), Marco Capozi (basse), Fabio Moresco (batterie), Tony D'Alessio (chant)

Viola Nocenzi, la fille de Vittorio, chante sur "L'amore accade" et l'album a été écrit (musique et paroles) avec Michelangelo, le fils de Vittorio. Ce qui fait que cet album ressemble quand même pas mal à une affaire de famille !

mercredi 14 septembre 2022

Ezra Winston : Tertium non datur

Trente trois années séparent ce Tertium non datur de Myth of the Chrysavides publié en 1988 alors même que le groupe Ezra Winston avait déjà dix ans d'existence. Un deuxième album était sorti en 1990, le mythique Ancient Afternoons, peu après le groupe se séparait et ensuite, plus de nouvelle ! Officiellement en tout cas, car en fait les membres d'Ezra Winston ont continué à se retrouver épisodiquement jusqu'à refaire des concerts au début des années deux mille dont nous avons un témoignage sur cet album avec le titre "Dial-Hectic", un enregistrement live de 2004. Lors de ces rencontres, le groupe a enregistré à chaque fois quelques nouveaux morceaux mais il n'y a jamais eu de nouvel album. Il a donc fallu l'obstination et la persévérance de Guido Bellachioma, le pape italien du RPI, pour réussir à compiler ces titres sur un LP vinyle et le publier ensuite dans le cadre de son label prog de qualité Progressivamente. Ceci explique le nombre d'exemplaires limité du disque, mais çà ne justifie quand même pas que cet album soit passé sous les radars prog. A noter également qu'il était prévu une sortie CD en 2021 avec des morceaux en plus. Mais pour l'instant, Sœur Anne ne voit toujours rien venir !. Un scoop pour les lecteurs de ce blog : le groupe m'a confirmé que la version CD augmentée de nouveaux titres est bien en  cours de réalisation ! Côté chroniques, çà ne se bouscule pas non plus. Nous allons donc remédier à cette injustice illico presto !

Premier constat : tous les membres du groupe apparaissent sur l’album, ce qui est quand même un sacré exploit, même si Daniele Lacono n'assure qu'un titre à la batterie ("Mars Attacks"), les autres morceaux bénéficiant de la présence efficace d'Ugo Vantini, déjà rencontré avec le projet Divae et qui a aussi joué il y a quelques années avec Gianni Leone pour une des nombreuses reformations éphémères d'Il Balleto di Bronzo. 

Deuxième constat : nous avons droit à un très beau packaging avec un recto et un verso de couverture réalisés par la dessinatrice Lorenza Pigliamosche Ricci qui avait déjà fait celle de Dedicato a Frazz Live pour Semiramis. Et toujours avec, le livret Prog Rock Italiano de 8 pages (là c'est le n° 99) avec l'histoire du groupe, une interview et plein de photos inédites, du collector pour vrai fan de prog italien quoi !  La magnifique illustration en noir et blanc dessinée au fusain, en intérieur de pochette, est signé Giuliano Piccininno.

Ensuite, une question fondamentale, quasi existentielle, se pose : ce disque est-il à la hauteur de la légende que le groupe a réussi à instaurer en trois ans et deux albums, il y a déjà .... trois décennies ?

Réponse : je vous connais, vous attendez un oui libérateur ou un non crucificateur. Un peu de patience !

Pour commencer, disons que le côté pastoral à la early Genesis a en partie disparu au profit d'un prog plus trempé et plus affirmé mais qui reste quand même bien ancré dans ce qui se faisait à la fin des années 80/début des années 90 au point d'avoir l'impression d'avoir affaire à des musiciens qui utilisent toujours les mêmes synthés qu'à leurs débuts. Côté batterie, à l'évidence Ugo Vantini n'est pas là pour rigoler, sa frappe sèche et lourde apporte à la fois du muscle et du nerf à l'ensemble sans toutefois jamais dénaturer la musique d'Ezra Winston qui reste très raffinée même dans ses moments les plus rock ("Dial-Hectic" qui pourrait facilement être rapproché de Marillion période Fish ou du IQ des années 80). "Call up" vous fera immanquablement pensé à Jethro Tull, et c'est ma foi un bel hommage au groupe de Blackpool même si çà tape pas mal dans "Thick as a brick". "The rain comes" renoue avec le côté le plus sombre d'Ezra Winston, évoquant un autre vieux groupe italien des années 90, Men of Lake, avant d'évoluer dans sa deuxième partie vers une progression qui tient beaucoup de "I know what I like" de ...Genesis encore (et c'est pas fini). Dieu que cette longue séquence instrumentale fait du bien à entendre. Ce morceau est incontestablement la première belle surprise de cette galette. "Mars Attacks" est un titre crunchy qui fait penser au début au Yes période Trevor Rabin avec, ensuite très rapidement, en arrière plan, un étonnant relent de UK, alors que pour la partie centrale, le groupe ne peut s’empêcher de citer à nouveau Genesis dans le texte avec une longue évocation protéiforme de "The fountain of Salmacis". Voilà en tout cas un style de musique détonnant  de la part d'Ezra Winston. Pas désagréable mais surprenant quand même. Quant à "Odd one out", dernier titre en date enregistré en 2015, il est la preuve éclatante que le groupe a bien évolué au cours des années. C'est une fois encore très accrocheur avec un riff de guitare très crâneur et un chant très expressif, quasiment théâtral et pour tout dire très déluré. Ce qui s'apparente à l'évidence à une mini suite épique, avance sur un tempo marqué assez lourd qu'on aurait quand même voulu plus varié. La respiration arrive (enfin) sur la dernière partie ("Journey's end") avec un chant en canon qui renforce encore la couleur médiévale de cette fin de morceau. 

Alors la réponse ? Bien évidemment, au cours de ces trente dernières années, ces musiciens ont évolué artistiquement et humainement parlant. L'idée n'est pas de faire de comparaisons. Je pense notamment au monument "Ancient of an unknown town" sur Ancient Afternoons. Comment voulez vous rivaliser avec çà ! Disons que la magie des deux vieux albums a disparu au profit d'un genre de musique plus affirmé mais qui ne renie pas ses fondamentaux. Tenant compte du fait que ce disque est quand même une construction artificielle, le risque était plutôt qu'il manque une ligne directrice claire. Finalement, çà n'est pas le cas ou tout au moins, il n'existe pas de décalage stylistique flagrant entre les morceaux. 

Tertium non datur signifie en latin "le troisième n'est pas donné", ce que l'on pourrait traduire de manière "vulgaire" par ce troisième album n'était pas gagné. Ce qui est vrai, autant pour ce qui concerne le fait de réentendre enfin Ezra Winston mais aussi pour le seul exploit d'avoir réussi à réaliser ce LP (encore merci à Guido Bellachioma). Certes la magie des deux premiers albums n'est plus la même mais il reste le plaisir de retrouver un groupe solide qui propose cinq morceaux sans faille avec une multitude de très beaux moments. Voilà qui devrait largement suffire au bonheur des nostalgiques d'Ezra Winston. In praeteritum numquam moritur !

Le groupe : Fabio Palmieri (guitares), Mauro Di Donato (claviers, guitares, chant), Paolo Lucini (synthés, flute, basse, chant), Fabrizio Santoro (basse), Daniele Lacono (batterie) 

+ Simone Maiolo (basse), Andrea D'aprano (basson), Ugo Vantini (batterie), Stefano Pontani (guitares),

La tracklist du vinyle :

A1. Dial-Hectic (2004 - live version)
A2. Call up (2010)
A3. The rain comes (2000)

B1. Mars Attacks (1998)
- part 1 : Resistance is futile
- part 2 : The mothership
- part 3 : All good things
B2. Odd one out (2015)
- part 1 : Random thuoghts
- part 2 : Weird nightmares
- part 3 : Journey's end

jeudi 1 septembre 2022

Spécial Edmondo Romano


Le génois Edmondo Romano est un homme discret et un musicien que l'on connaît sans le savoir. Car ce multi instrumentiste particulièrement doué, spécialiste des instruments à vent (clarinettes, saxophones, flûtes, chalumeau...), est quelqu'un de très demandé. Qu'on en juge : il a participé à cent quarante disques et a joué pour de nombreux musiciens et groupes connus : les New Trolls, Picchio Dal Pozzo, Vittorio De Scalzi seul, Ares Tavolazzi ex Area), Mauro Pagani et même la PFM. Il a aussi fait partie de plusieurs formations de prog italien, et pas des moindres: d'abord Eris Pluvia à la fin des années quatre vingt (l'album Rings of Earthly Light en 1991) puis The Ancient Veil de 1995 à aujourd'hui (albums Ancient Veil, I am changing, New, Rings of earthly...live, Unplugged ...live), deux groupes qu'il a co-créé et dont le nom parlent aux amateurs de RPI. Mais il a aussi participé à beaucoup d'autres projets et albums dont plusieurs concernent Höstsonaten, une des formations menées par Fabio Zuffanti, qui au moins à ses débuts était très proche stylistiquement parlant d'Eris pluvia justement. Edmondo Romano est présent sur les albums Mirrorgames (1998),  Springsong (2002), Wintertrough (2008), Autumnsymphony (2009) ainsi que sur Merlin : The Rock Opera publié en 2000 sous le seul nom de Fabio Zuffanti.

Ce que l'on sait encore moins, c'est qu'Edmondo Romano a sorti deux albums solo qui lui permettent de démontrer toute l'étendue de son talent comme instrumentiste bien sûr mais aussi comme compositeur. Il est à chaque fois accompagné de musiciens de son niveau. Difficile de tous les citer, mais enfin on trouve quand même des pointures comme Gianfranco Di Franco (Franco Battiato, Franco Micalizzi), Ares Tavolazzi(ex Area), Arturo Stalteri (Pierrot Lunaire), Marco Fadda (Alan Simon, Excalibur), Kim Schiffo entre autres !

En marge du rock progressif, ces deux albums sont les reflets de ses aspirations les plus intimes avec à chaque fois une facette différente de l'artiste. Sonno Eliso (2012) baigne nettement dans des ambiances qui évoquent régulièrement les divers idiomes musicaux du bassin méditerranéen, côté Italie du sud et ses pourtours bien sûr mais Edmondo va aussi chercher ses influences un peu plus loin jusqu'à importer des évocations subtiles des Balkans ou même un air traditionnel de Turquie ("Preghiera"). Les compositions sont construites sur des structures solides rappelant soit une forme adaptée de musique de chambre (avec un nombre réduit d'instruments à vent et à cordes), soit (plus rarement) un jazz très doux, mêlant à chaque fois intimement une multitude d'éléments de folklore ethnique (tons, gammes, mélodies, rythmes) pour un résultat d'une richesse incroyable. Missive Archetipe (2014) garde le côté acoustique de son prédécesseur mais se révèle très vite beaucoup plus proche d'une forme de musique de chambre moderne (qui était déjà présente dans Sonno Eliso mais moins mise en avant), avec quelques incursions dans le R.I.O. ("Il giardino degli animali eterni"), même si la présence de Mare nostrum reste en permanence prégnante. Ce deuxième album est aussi l'occasion pour Edmondo d'ajouter quelques touches de voix féminines dont l’utilisation est tout simplement sublime entre féérie onirique ("Ahava"), murmures mystiques (" Di questo amore morite") et chant profane médieval (le début et la fin de "Vestire la tua pelle").

Mais que l'on écoute Sonno Eliso ou Missive Archetipe, on remarque à chaque fois la place laissée à la beauté des mélodies avec très souvent des interprétations recueillies, souvent introspectives, parfois lancinantes, jamais démonstratives. On comprend qu' Edmondo a ces thèmes musicaux en lui et qu'ils sortent naturellement de son subconscient pour prendre forme. Ce qui se révèle de sa musique est une forme de beauté naturelle, immanente qui s'apparente à une lumière que l'on ressentirait plus que l'on verrait, une perception d'ondes bienveillantes et rassurantes. Tout est doux, léger mais néanmoins profond. Il y a surtout une majorité de compositions complexes, fouillées et pourtant étonnamment fluides. 

Ma préférence va à Missive Archetipe, non pas que Sonno Eliso démérite bien au contraire (je pense aux émouvants et envoutants "Canto di lei" et "Nadi" par exemple mais aussi à "Sonno Eliso"), mais je crois que Missive Archetipe est encore supérieur autant par l'intensité tout en retenue de ses compositions que par sa capacité à transporter l'auditeur dans l'univers musical très personnel (j'allais écrire "privé") d'Edmondo justement. Je range Missive Archetipe à côté des meilleurs disques de Gatto Marte, Julverne, Univers Zero, Present et encore Aranis, c'est dire. Cet album est d'une beauté inouïe ("Petali di carne", "Questa Terra", "Massive Archetipe") tout au long des 43 minutes qui passent comme un rêve éveillé. Comment un chef d’œuvre de ce calibre peut-il être resté aussi (longtemps) méconnu ? 

Je me permets donc de vous conseiller de rattraper un retard bien excusable. il n'est jamais trop tard quand il s'agit de découvrir des gemmes de ce niveau.

Sonno Eliso

Missive Archetype

Tracklists des deux albums (vous pouvez écouter chaque titre en cliquant dessus) :

Sonno Eliso

1

 

Sonno eliso

2

 

Canto di lei

3

 

Preghiera

4

 

Corpo

5

 

Fiato

6

 

Intercessione

7

 

Rilucente

8

 

Canto di lui

9

 

Nadi

10

 

Trasfigurazione

11

 

Risucchio

12

 

Intelletto

13

 

Risonanza

Missive Archetipe

1

 

Petali di carne

2

 

Parabola

3

 

Carme

4

 

Ahava

5

 

Dato al mondo

6

 

Ninna Nanna

7

 

Il giardino degli animali eterni

8

 

Di questo amore morite

9

 

Diluvio

10

 

Questa Terra

11

 

Vestire la tua pelle

12

 

Missive Archetipe