vendredi 21 novembre 2025

Exit : Dove va la tua strada ?

 

Vous avez l'habitude maintenant, le label Black Widow Records se fait une spécialité de sortir du néant des groupes de prog italien des années 70 qui n'ont pas eu l'honneur d'une publication discographique à l'époque mais qui ont conservé quelques témoignages sonores de leurs créations musicales.
Cette fois, c'est au tour d'un groupe de Trieste, Exit, de bénéficier du coup de baguette magique. Les morceaux proposés datent de 1973 et ont été enregistrés dans des conditions à l'évidence spartiates, mais les moyen techniques actuels permettent de réaliser un excellent travail de nettoyage et de remise en ordre, heureusement, pour un résultat probant en terme de qualité d'écoute.
Voilà qui permet de profiter de six titres qui tiennent autant du hard blues que du rock progressif, un peu à la manière d'Il Rovescio della Medaglia. En tout cas, en 1973, avec Exit, ça jouait vite et plutôt gras. 
On peut se demander à juste titre ce que ce groupe aurait donné pris en main par un bon producteur car les musiciens en avaient sous le pied et, à part le chant qui est un peu limite, il y avait du potentiel comme on peut le constater à l'écoute de "Ti risvegli" et de "Grandi regni", des compositions à tiroirs qui semblaient plus ambitieuses !
Voilà donc une nouvelle curiosité que l'on doit au label Black Widow.

Le groupe : Euro Cristiani (batterie), Tavčar (guitares), Paolo Bassi (basse), Ilario Sfecci (chant).

La tracklist :

  1. Dove va la tua strada ?
  2. Lassu dove vai
  3. La sfera
  4. Corri e fuggi
  5. Ti risvegli
  6. Grandi regni

Label : Black Widow Records

Sortie : 15 novembre 2025

Disponible en formats physiques CD et LP vinyle

lundi 17 novembre 2025

Tale Cue : Eclipse of the midnight sun

Retour plutôt inattendu de Tale Cue, un groupe créé à Milan en 1988 qui s'était sabordé peu après la sortie d'un album de néo prog publié par Musea en 1991 (Voices beyond my curtain).
Trente trois ans plus tard, sort donc cet Eclipse of the midnight sun concocté par trois membres de la formation d'origine : Laura Basla, Silvio Masanotti et Giovanni Porpora rejoints par le batteur Alessio Cobau.
Globalement, on reste dans un prog très chanté (on ne peut décemment plus parler de néo prog aujourd'hui sauf à se trouver face à une musique ringarde ce qui n'est pas le cas de cet album, loin de là !). Eclipse of the midnight sun, c'est neuf chansons très mélodiques toutes marquées et portées par la très belle voix de Laura Basla. Les climats sont parfois rêveurs à la limite de la nostalgie, parfois beaucoup plus rock avec des chorus de guitares très musclés de Silvio Masanotti, le tout lié par les parties de synthés plutôt resplendissantes de Giovanni Porpora. Au passage, le niveau technique des musiciens a notablement monté depuis leur premier enregistrement discographique.
Même si l'album est très homogène, un morceau sort quand même du lot. il s'agit de "Vertigo", la pièce la plus longue (10 mn 15) mais aussi la plus travaillée et la plus efficace, la plus prog en quelque sorte ! J'ajoute également trois autres titres, qui bien que plus courts, présentent des caractéristiques similaires : le punchy "Gordon Sinclair", le très accrocheur "The cue" ainsi que le vraiment éblouissant "The rage ans the innocence".
Les membres de Tale Cue semblent avoir voulu démontrer que l’histoire ne pouvait pas, ne devait pas, s'arrêter à Voices beyond my curtain. Le résultat (excellent) leur donne amplement raison. 

Le groupe : Silvio Masanotti (guitares, basse), Giovanni Porpora (claviers), Alessio Cobau (batterie), Laura Basla (chant).

La tracklist :

1. Voices from the past
2. The rage and the innocence
3. For gold and stones
4. Suntears
5. Gordon Sinclair
6. Tides
7. The cue
8. Lady M
9. We will be back once more
10. Vertigo

Sortie : 16 novembre 2025

Label: Freia

 

 

samedi 15 novembre 2025

LeoNero : Monitor

Le pseudonyme de LeoNero ne vous dit sans doute rien, le nom de Gianni Leone, déjà un peu plus. Mais si je vous dis Balletto di Bronzo, alors là oui, vous y êtes ! C'est d'ailleurs bien à ce même Gianni Leone, leader éphémère d'il Balletto di Bronzo, que l'on doit l'album culte Ys. Considéré comme un des chefs d’œuvre du prog italien, il portait pourtant en lui les germes de la mort du groupe. Car Gianni Leone, artiste fantasque s'il en est, après deux petites années (1971/1973) passées au sein de cette formation, allait entamer, juste après, une longue carrière solo chaotique parfois difficile à suivre sur la durée, le napolitain ayant pas mal bougé, passant d'un pays à un autre, tout en cultivant l'art de la transformation aussi bien pour ce qui concerne son aspect physique que pour son nom. Après avoir enregistré son premier disque solo (Vero, 1977) dans l'ambiance no-wave de New-York, il part sur la côte ouest des Etats-Unis. Trois ans plus tard, son second album est le fruit de sessions d'enregistrements dans des studios californiens. Il en résulte Monitor, qui sort en 1980, un disque plutôt bizarre comprenant une première face de cinq titres avec The Optical Band, en fait le groupe de power punk Plugz rebaptisé pour l'occasion, et une deuxième face de six titres du seul LeoNero aux prises avec ses machines (claviers et boîtes à rythmes).
Témoin et acteur d'une d'une époque où les avancées technologiques appliquées aux nouveaux instruments faisaient souffler un grand vent de modernité sur le monde de le musique, Gianni Leone en épouse totalement les modes musicales et... part dans tous les sens : new wave, synth pop, disco, délires électroniques, beats technoïdes, tout y passe !
Comme le propos de Monitor n'est absolument pas prog, je ne vais pas m'étaler sur la partie analyse musicale. Mais je vous incite par contre à jeter une oreille attentive à cet album car au milieu de quelques bizarreries et autres moments bien barrés qui ont quand même plutôt mal vieillis ("Volpe Orbot", "No, no, no, no" par exemple"), le génie de Gianni Leone transparaît à de nombreuses reprises. L'homme fait tout sauf n'importe quoi. De manière générale la face A (pistes 1 à 6 pour le CD) est assez impressionnante, et même si l'on est le plus souvent loin du rock progressif d'Il Balletto di Bronzo, certains titres comme "Strada" ne nous étonnent pas tant que cela quand on connaît bien Gianni Leone et sa furiosa légendaire. Il y a également une reprise d'un morceau des Grass Roots, "Piangi con me", une chanson qui avait été interprétée en Italie, à la fin des années 60, par The Rokes (un groupe anglais qui a fait toute sa carrière en Italie). Savourez aussi la sucrerie acide "Il nuovo mondo", c'est assez addictif dans le genre ! Détendez-vous même avec "Abat-jour" et son rythme chaloupé de bossa-nova. Enfin écoutez la version dance de "Tell me why", replacez-vous dans le contexte de l'époque, et dites moi si cela n'aurait pas dû faire un bon petit tube !
A noter que la réédition Black Widow propose un titre en plus avec The Optical Band, "LeoNero Mesa Beat", qui n'était pas sur la face A du vinyle ainsi que quatre titres en bonus.
Côté formats, Black Widow Records fait bien les choses comme toujours. Vous avez donc le choix entre le CD avec un livret de 20 pages, le LP vinyle en édition standard ou le LP vinyle en édition limitée (100 copies) acompagné d'un 2ème disque avec quatre titres en plus, du CD et illustré d'une couverture différente signée Nik Guerra.  

Bien sûr, à quarante cinq années d'écart, Monitor peut être légitimement pris comme une curiosité mais si vous voulez mieux connaître cet artiste protéiforme qu'est Gianni Leone, alors cet album constitue une clé de compréhension indispensable.


La tracklist (édition CD) :

1
Strada
2
Segmento
3
Piangi con me
4
Optical Surf Beat
5
Anaconda
6
LeoNero messa Beat      
7
Volpe Robot
8
Il nuovo mondo
9
No, no, no, no
10
Tell me why
11
Abat-jour
12
Ne' ieri ne' domani
13
Tell me why (bonus- second version)
14
Il nuovo mondo (bonus- re-edit)
15
Stanchiamoci insieme (bonus)

16
Un'eccitazione nuova (bonus)




lundi 10 novembre 2025

Runaway Totem (Feat. AndromacA) Metamorph Tetraphirm (trad. IT)

Ecco quindi Runaway Totem ridotto alla sua espressione più semplice, ovvero Roberto Gottardi (alias Cahal de Betel) da solo. Infatti, da Multiversal Matter del 2019, Gottardi è l'unico capitano della sua astronave, il suo ultimo fedele rimasto, Raffaello Regoli, ha lasciato la nave per dedicarsi alla sua band Cormorano, riattivata nel 2023.
Ma state tranquilli, Gottardi ha sempre saputo circondarsi delle persone giuste, e ancora una volta l'equipaggio, riunito sotto il nome di AndromacA, è di altissimo livello per accompagnarlo in questa nuova avventura. Senza dubbio, uno dei più ambiziosi mai chiamati Runaway Totem, che, a ben vedere, simboleggia nella mente del suo creatore la fuga dal totem, ovvero il rifiuto di tutti gli idoli e di tutte le barriere. Il soprano Antonella Suella è un'artista dal background ricco e poliedrico, avendo studiato canto classico al Conservatorio Paganini di Genova. Si è poi rivolta a discipline più moderne: il progressive metal con la band Nova Malà Strana, e in seguito la musica sperimentale con Stefano Bertoli, il duo che da oltre vent'anni forma il gruppo AndromacA. Stefano Bertoli, dal canto suo, è un vero mago delle tastiere e soprattutto di ogni tipo di strumento elettronico (vocoder, sequencer, ecc.), il che lo ha portato a investire molto in progetti che possono essere paragonati alla ricerca musicale e alla sperimentazione sonora.
Sto correndo un po' troppo, ma Roberto Gottardi non avrebbe potuto fare scelte migliori di questi due musicisti per assisterlo e supportarlo in questo ambizioso progetto, che richiede una vera competenza tecnica. L'opera si presenta come un trittico composto da due CD e un DVD: un bel pacchetto! Ogni CD contiene una registrazione dal vivo di una fase del concept, e il DVD offre uno scorcio della performance audiovisiva che gli artisti hanno tenuto il 16 dicembre 2023, dal vivo all'Abbazia San Bernardino di Genova. Questa performance comprende tutte le tracce di Metamorph Tetraphirm.
Questo titolo insolito, Metamorph Tetraphirm, deriva da una frase latina che significa "La Metafora delle Quattro Firme". Le quattro firme in questione si riferiscono alle eliche del DNA. Queste quattro eliche, o otto filamenti di DNA, furono simbolicamente liberate durante la famosa performance dal vivo per aprire degli "Stargate" che conducono a universi con densità diverse dalla nostra. Si tratta, quindi, di un viaggio nel tempo e nello spazio.
Infine, vale la pena notare che questo progetto cosmico è dedicato alla memoria di Nik Turner. Questo dovrebbe dare all'ascoltatore un'idea di cosa aspettarsi. E in effetti, non c'è dubbio: l'opera concepita da Gottardi è animata dall'inizio alla fine da musica elettronica psichedelica e progressiva. Fin dai primi secondi, vi trasporta in spazi interstellari immensi e inesplorati. Roberto Gottardi, Stefano Bertoli e Antonella Suella sviluppano un materiale sonoro fortemente intriso di reminiscenze di trance tribali e incantesimi rituali, a volte giustapposte ad acid krautrock. Da questo fermento costante, emerge regolarmente anche una dimensione zeuhl, in particolare grazie alle performance vocali di Roberto e soprattutto di Antonella. Composto principalmente da una successione di stati d'animo e atmosfere (questa è la natura del genere, ovviamente), il disco presenta anche alcuni slanci davvero mozzafiato, come "Deutsch Nepal" o il lungo e orgasmico finale di "Tat l'albero cosmico", controbilanciati da alcuni momenti di profonda spiritualità ("Indian dream"). L'esperienza d'ascolto è innegabilmente piuttosto disorientante, ma in definitiva piuttosto accattivante, a tratti persino emozionante, come l'enorme vortice sonoro di 12 minuti che è "Ritual thanz" o la cataclismatica "Heliocentric energy". Tra l'altro, il cenno ai Pink Floyd in "On the run", che riproduce, con alcune varianti, la sequenza di otto note del sintetizzatore EMS AKS, è piuttosto ben fatto, in quanto perfettamente integrato nel tutto. Permette persino di stabilire un collegamento con il brano successivo, "Stratosfear", che opera su un loop in evoluzione leggermente diverso, pur rimanendo nello stesso spirito, questa volta con una chiara evocazione dell'omonimo brano dei Tangerine Dream. La sequenza "on the run" - "Stratosfear" è innegabilmente uno dei grandi successi creativi dell'album.
Se avete seguito la lunga saga dei Runaway Totem fin dai suoi esordi, ben oltre trent'anni fa, potete a ragione considerare questo album, nella sua forma (la registrazione di un'esibizione dal vivo unica) e nel suo contenuto (vedi sotto), come un traguardo e un culmine, che ovviamente dobbiamo alla sua mente, Roberto Gottardi. Per me Metamorph Tetraphirm è innegabilmente una pietra miliare nella vasta discografia della band.

Runaway Totem
Roberto Gottardi (Cahal de Betel) : guitares, synth guitar, synth Stellar, claviers, percussions, theremin, vocaux.

AndromacA
Antonella Suella : chant lead
Stefano Bertoli : Ableton Push 3, Waldorf Iridium, Synclavier Regen, taiko, gong, bols tibétains

+ Clara Luna : chorégraphie et danse.

 


Tracklist CD 1 (phase I) :
  1. In den garten Pharaos
  2. Future days
  3. Father cannot yell
  4. On the run
  5. Stratosfear
  6. Deutsch Nepal
     
 Tracklist CD 2 (phase II) :
  1. Ritual thanz
  2. Indian dream
  3. Heliocentric energy
  4. Mekanik ritual
  5. Tat l'albero cosmico

 

 

mercredi 5 novembre 2025

Runaway Totem (Feat. AndromacA) Metamorph Tetraphirm

 
Voilà donc l'entité Runaway Totem réduite à sa plus simple expression, en l’occurrence au seul Roberto Gottardi (aka Cahal de Betel). En effet, depuis Multiversal matter en 2019, Gottardi est le seul maître à bord de son vaisseau spatial, son dernier fidèle, Raffaello Regoli, ayant quitté le navire pour se consacrer à son groupe Cormorano réactivé en 2023.
Mais soyez rassurés, Gottardi a toujours su très bien s'entourer et une fois encore l'équipage, réuni sous le nom d'AndromacA, est de qualité pour l'accompagner dans cette nouvelle aventure. Sans aucune doute, une des plus ambitieuses portant le nom de Runaway Totem qui, je le rappelle, signifie dans l'esprit de son créateur la fuite du totem, c'est-à-dire le refus de toute idole et de toute barrière. 
La soprano Antonella Suella est une artiste au parcours riche et complet puisqu’elle a d'abord suivi un cursus de chant classique au conservatoire Paganini de Gênes. Elle s'est ensuite tournée vers des disciplines plus modernes : le prog métal avec le groupe Nova Malà Strana, puis l'expérimental avec Stefano Bertoli, le duo formant depuis plus de vingt ans le groupe AndromacA justement. Stefano Bertoli est pour sa part un véritable wizard des claviers et surtout des machines électroniques en tout genre (vocoder, séquenceur, etc...) l'amenant à énormément s'investir dans des projets que l'on peut apparenter à de la recherche musicale et à de l'expérimentation sonore. 
J'anticipe un peu, mais Roberto Gottardi ne pouvait pas faire meilleurs choix que ces deux musiciens pour l'assister et l'épauler dans cette création d'envergure demandant de réelles compétences techniques.      
L'objet se présente sous la forme d'un triptyque regroupant 2 CD et 1 DVD, rien que ça ! Chaque CD propose une phase du concept enregistrée live et le DVD permet d'assister à la performance audiovisuelle donnée par les artistes, le 16 décembre 2023, en direct à l'Abbazia San Bernardino de Gênes, ce spectacle constituant l'intégralité des morceaux de Metamorph Tetraphirm.
Ce titre bizarre, Metaphorm Tetraphirm, tire son nom d'une locution latine signifiant « La Métaphore des Quatre Signatures ». Les quatre signatures en question font référence aux hélices de l'ADN. Ces quatre hélices, soit huit brins d'ADN, étaient symboliquement libérées lors de la fameuse performance live pour ouvrir des « Portes des Étoiles » menant à des univers de densités différentes de celle de notre propre univers. Il s'agit donc ni plus ni moins que d'un voyage à travers le temps et l'espace
Enfin, il est bon d'indiquer que ce projet cosmique est dédié à la mémoire de Nik Turner. Voilà qui peut orienter l'auditeur sur ce qui l'attend. Et de fait, il n'y a pas à s'y tromper, l’œuvre imaginée par Gottardi est propulsée de bout en bout par une musique électronique psychédélique et progressive. Dès les premières secondes, elle vous transporte dans des espaces interstellaires planants encore inexplorés. Roberto Gottardi, Stefano Bertoli et Antonella Suella développent un matériau sonore fortement imprégné par des réminiscences de transes tribales et d'incantations rituelles parfois confrontées à un krautrock acide. De ce bouillonnement permanent, émerge également régulièrement une dimension zeuhl notamment due aux performances vocales de Roberto et surtout d'Antonella. Avant tout fait d'une succession d'ambiances et d'atmosphères (c'est le genre qui veut ça bien sûr), il en éclot quelques jaillissements réellement époustouflants comme c'est le cas pour "Deutsch Nepal" ou encore pour le long final orgasmique de "Tat l'albero cosmico", contrebalancés par quelques climats d'une grande profondeur spirituelle ("Indian dream"). L'expérience auditive est évidemment assez déstabilisante mais finalement assez prenante voire passionnante par moments à l'instar de l'énorme vortex sonore de 12 minutes qu'est "Ritual thanz"ou encore du cataclysmique "Heliocentric energy". Au passage, le clin d’œil à  Pink Floyd sur "On the run", reproduisant avec quelques variations le séquencement des huit notes du synthé EMS AKS, est assez bien vu car parfaitement intégré à l'ensemble. Il permet même de faire le lien avec le morceau suivant, "Stratosfear", qui fonctionne sur une boucle évolutive légèrement différente, tout en restant dans le même esprit, avec cette fois une évocation franche du morceau homonyme de Tangerine Dream. L'enchaînement "on the run" - "Stratosfear" est d'ailleurs incontestablement une des grandes réussites créatives de cet album.
Si vous avez suivi la longue épopée de Runaway Totem depuis ses débuts, il y a largement plus de trente ans maintenant, vous pouvez considérer à juste titre que cet album, dans sa forme (captation d'une performance in vivo unique) comme dans son contenu (voir infra), représente à la fois un accomplissement et un climax que l'on doit évidemment à son shaman Roberto Gottardi. Pour moi, Metamorph Tetraphirm fait incontestablement date dans la  longue discographie du groupe.

Musiciens intervenants :

Runaway Totem
Roberto Gottardi (Cahal de Betel) : guitares, synth guitar, synth Stellar, claviers, percussions, theremin, vocaux.

AndromacA
Antonella Suella : chant lead
Stefano Bertoli : Ableton Push 3, Waldorf Iridium, Synclavier Regen, taiko, gong, bols tibétains

+ Clara Luna : chorégraphie et danse. 
 

Tracklist CD 1 (phase I) :
  1. In den garten Pharaos
  2. Future days
  3. Father cannot yell
  4. On the run
  5. Stratosfear
  6. Deutsch Nepal
     
 Tracklist CD 2 (phase II) :
  1. Ritual thanz
  2. Indian dream
  3. Heliocentric energy
  4. Mekanik ritual
  5. Tat l'albero cosmico

Arianuova : volevo andare altrove

Daniele Olia, également membre du groupe de Savona, Qirsh, est le principal artisan de cet album. Il a développé ce nouveau projet musical à partir d'un concept, désormais pas mal usé mais qui fonctionne toujours, traitant des désirs ataviques des êtres humains. La musique est un rock progressif qui a recours aux instruments d'origine classique (orgue, cordes, piano, guitares acoustiques) combinés avec ceux plus habituels du rock, les sons électroniques et les effets vocaux venant compléter cette large palette sonore.
À la première écoute, la musique rappelle celle de Qirsh justement. De manière générale, le style qui se dégage va du prog classique des années 70 à un rock mélodique plus moderne aux consonances parfois proches de la new-wave. On trouve également quelques envolées de guitare à la Pink Floyd ainsi que plusieurs passages instrumentaux en partie logés dans la suite de 15 minutes "L’orologio che andava all’indietro". A signaler, un chant particulier que l'on peut qualifier de guerrier ! Mais pour le reste, l'essentiel y est avec un rock progressif engagé plutôt ancré dans le présent, sans trop regardé en arrière, ce qui est une bonne chose. Cet album devrait donc plaire à ceux qui sont à la recherche de renouvellement et d'un peu de sang neuf (au figuré bien sûr !).

Pour vous faire une idée, voici le teaser en écoute ici.

Le groupe : Daniele Olia (claviers, guitare, chœurs), Luca Bonomi (batterie), Massimo Zanon (chant), Michele Spinoni (guitare).


La tracklist :

  1. Rota fortunae
  2. la strada buona (en écoute ici)
  3. Rainbow bridge
  4. Downfall
  5. La quiete dopo la tempesta
  6. La commedia è finita
  7. L'orologio che andava all'indietro
  8. Fortuna rota volvitur

Label : Lizard records

 


mardi 4 novembre 2025

ZoneM : Sync Out (work in progress)

  
Rappelez-vous: en 2022, Beppi Menozzi, le claviériste d'Il Segno del Comando, masqué sous le nom énigmatique de ZoneM, nous avait livré un album OVNI (Sono dentro di me) éminemment original, fruit d'un grand foisonnement d'idées personnelles. Je vous laisse relire la chronique de l'époque ZoneM Sono dentro di me.
Depuis Beppi Menozzi a continué d'avancer dans son cheminement artistique à son rythme et selon son inspiration. Il est désormais accompagné dans ce projet par la chanteuse Silvia Palazzini.  
On retrouve ainsi sur sa chaîne YouTube ses créations musicales qu'il dépose tranquillement au fur et à mesure de ses envies. Nous avons, à aujourd'hui, six nouveaux morceaux, regroupés sous le nom générique de Sync Out, et autant de nouveaux reflets kaléidoscopiques de l'intense activité prospective qui semble animer Beppi Menozzi.
Il est évidemment un peu tôt pour vous proposer une synthèse de tout cela mais à l'écoute de ces six titres, je sens une nette inflexion dans les compositions de Beppi. Incontestablement, la présence et surtout la voix (superbe) de Silvia Palazzini y sont pour beaucoup. Tout en restant dans un cadre connoté prog, principalement grâce aux  parties de claviers de Beppi, on s'approche assez souvent d'un format chanson. Mais là où on pourrait y associer les termes de "facilité" et de "mainstream", il faut en réalité penser "exigence" et "haut de gamme". De ce fait, je trouve également beaucoup d’homogénéité dans ces compositions avec à l'arrivée un sentiment de cohérence en passant d'une chanson à une autre. 
Il y a, à l'évidence, une ambition nouvelle dans le projet artistique de Beppi Menozzi. Voilà qui préfigure, je l'espère pour ma part, un futur nouvel album qui pourrait bien donner une nouvelle dimension à l'entité ZoneM.
En attendant, je vous propose une écoute de ces six morceaux. 


vendredi 24 octobre 2025

RaraOvis : ne sveleremo l'essenza

Un peu de vent frais souffle sur le prog italien avec ce très beau ballon d'essai envoyé par le compositeur australo-italien Leonardo Pegoraro. L'homme, jusque là inconnu dans le petit monde du rock progressif italien, est natif d'Urbino mais vit et travaille depuis dix ans à Melbourne en Australie. Ayant étudié très jeune la flûte à bec et le piano, il est aujourd'hui un compositeur polyvalent pouvant se prévaloir d'une solide formation en musique classique. Son style d'écriture mêle rock symphonique progressif, ambient, folk, électronique et minimalisme.
Enregistré à Gênes dans le Studio 77 de Matteo Ricci, cet album implique plusieurs musiciens génois bien connus dans notre petit monde du rock progressif italien, à commencer par Fabio Zuffanti qui a supervisé l'affaire mais aussi Luca Scherani au piano, Andrea Orlando à la batterie, Mauro Serpe à la flûte, Irene Manca au chant (magnifique voix au passage). Sont également de la partie : Fabio Cinti au chant, Giulio Gaietto à la basse, Massimo Montarese et Marco Topini aux guitares, Osvaldo Loi au violon, Jacopo Gabutto aux basson, flûte et clarinette.Leonardo Pegoraro se charge quant à lui des claviers et des arrangements.
Comme vous pouvez le constater, le nombre de musiciens sollicités est conséquent et la palette d'instruments utilisés est assez large. Mais, vous le ressentirez nettement à l'écoute, les compositions élaborées par Leonardo Pegoraro le nécessitent et le méritent.
L’album propose notamment une suite de 22 minutes absolument bluffante. La musique est, disons le sans ambage, d'une grande richesse, mêlant habilement rock progressif, intonations médiévales et envolées symphoniques. Pegoraro apporte même quelques touches exotiques à sa musique, orientale dans la première partie de la suite avec l'utilisation d'une cloche tibétaine, africaine un peu plus loin avec des notes émanant d'un stringbow.
Remarquables également la chanson "Luci a mandorla" survolée par la voix prenante d'Irene Manca ou encore "I contorni dell'alba" qui représente la synthèse parfaite de tout ce que contient cet album en matière de beauté, de finesse mais aussi d'inspiration.   
Les techniques utilisées sont proches de la musique savante (textures harmoniques complexes, gammes originales, contrepoints, chant en canon, arrangements sur plusieurs clés) et évoquent nettement une partition écrite par un compositeur opérant une incursion - réussie - dans la musique progressive italienne. 
En cela cet album intrigue, charme et donne envie d'entendre rapidement une nouvelle création de Leonardo Pegoraro. 
Étonnante découverte donc qui semble arriver de nulle part, mais dont le côté frais charme incontestablement.
Décidément, ça bombarde en ce moment les nouveautés, côté RPI, Et là c'est vraiment du tout bon !

Les musiciens : Fabio Cinti (chant), Irene Manca (chant), Leonardo Pegoraro (claviers), Luca Scherani (piano), Matteo Ricci (guitares électriques, soundscape), Massimo Montarese (guitares), Marco Topini (guitare classique), Giulio Gaietto (basse, claviers), Andrea Orlando (batterie), Jacopo Gabutto (flageolet, flûte traversière, clarinette), Mauro Serpe (flûte traversière), Osvaldo Loi (violon, viola).
 
La tracklist :
  1. Prima passi
  2. Sento calore
  3. Luci a mandorla
  4. I contorni dell'alba
  5. ne sveleremo l'essenza

 
Label : Lizard Records

jeudi 23 octobre 2025

Sigmund Freud : Risveglio

Régulièrement, le label Black Widow réussit à sortir du néant un vieux groupe de rock progressif italien sans aucun antécédent notable, le plus souvent inconnu même des fans les plus affutés.
Même si cela ne fait pas vraiment avancer la cause, on est bien d accord, il y a quand même un vrai plaisir à retrouver l'esprit et le savoir-faire de ces précurseurs.
Voilà qui va être une nouvelle fois le cas avec Sigmund Freud, un groupe né en 1972 dans le magnifique secteur des Castelli Romani, près de Rome. Entre 1972 et 1975, ses membres ont composé et enregistrés plusieurs morceaux pour deux labels connus (EMI ou RCA) mais au final aucun album n'a jamais vu le jour. Jusqu'en 1978, année de la dissolution du groupe, Sigmund Freud a malgré tout continué a fonctionner et a participer à de nombreux concerts et rassemblements rock qui se sont principalement déroulés dans la région du Latium et dans la capitale italienne (notamment à à Villa Pamphili).
Cinquante plus tard, sollicité par Black Widow, le fondateur du groupe, Claudio Ciuffa a remis sur pied une nouvelle formation avec de nouveaux musiciens. Puis en janvier 2025, ils sont entrés en studio pour enregistrer les morceaux composés il y a cinquante ans, avec la volonté de retrouver les sensations qui avaient motivé les anciens membres de Sigmund Freud au moment de la création du groupe.
De ce côté, le pari est assez réussi car il est évident que la musique sonne assez datée avec une profusion de tonalités vintage, le résultat d'un recours limité des effets sur les instruments (guitares électriques) et d'un apport conséquent des couleurs de claviers old school (Moog, Mellotron et orgue Hammond) ce qui donne un son assez organique à l'ensemble.
Côté compositions, le progueux nostalgique du vieux RPI sera comblé avec cinq morceaux de durées respectables (entre 8 et 12 minutes). Le premier titre, "Fiori di polvere bianca", navigue dans un registre pop prog pouvant rappeler Gleemen avec un pont central plus rock qui apporte du nerf à l'ensemble. Avec "Giochi d'ombre", le groupe s'approche cette fois plus d'un prog plus candide, avec quelques accents pastoraux, à la Errata Corrige, avec là aussi un passage final plus rock. A partir du troisième morceau, le niveau semble monter d'un cran. Pas que les deux premiers titres soient mauvais, bien au contraire, mais ils pâtissent tous les deux d'un léger déficit d'originalité. Ainsi "Palla di neve" démontre dès les premières mesures une qualité d'écriture beaucoup plus affirmée. La suite du morceau ne fait que confirmer cette bonne impression de départ avec une succession de très belles séquences tant dans les variations rythmiques que dans les modulations harmoniques. Et oui, la fin du morceau fait bien penser à Eneide ! "La quiete dopo la tempesta " est un long titre de 11 minutes avec cette fois une construction en rebondissements qui nous vaut quelques belles envolées et autant de moments jouissifs. "Epilogo" est certes une composition prog de facture classique mais avec une très belle musicalité et un long pont instrumental psyché très original. Avec ce dernier morceau très apaisant, l'album 2025 (*) se termine sur cette bonne note finale. De là à penser que ce  réveil de Sigmund Freud est une forme de catharsis prog.

(*) avertissement : le label Black Widow a tenu à ajouter un medley de 17 minutes intitulé "Freud 70' medley". Il s'agit du seul enregistrement ancien conservé par le groupe. C'est donc un véritable témoignage d'époque qu'il faut appréhender avec beaucoup de mansuétude compte-tenu des imperfections inhérentes à ce type d'archives sonores. 

Le groupe : Claudio Ciuffa (guitares, flûte, saxo soprano), Marco Cavaterra (basse), Claudio Carbonetti (piano, synthés, Moog, Mellotron, voix), Evandro Gabiati (batterie, percussions), Dino Pacini (guitares), Luca Allori (chant lead, guitare acoustique).

La tracklist :

  1. Fiori di polvere bianca
  2. Giochi d'ombre
  3. Palla di neve
  4. La quiete dopo la tempesta
  5. Epilogo
  6. Freud 70' medley (bonus track) 

Date de sortie : 28 septembre 2025

Label : Black Widow Records

mercredi 15 octobre 2025

Le Orme : Il Leone et la Bandiera (version CD)

 

Deux ans après sa sortie, il est temps de s'intéresser à nouveau au dernier album en date des Vénitiens de le Orme. Vous allez vite comprendre pourquoi. 
En 2023, un coffret 3 CD intitulé Le Orme and friends avait été mis sur le marché pour un tarif beaucoup trop élevé au regard de l'intérêt des deux autres CD accompagnant l'album Il Leone e la Bandiera (voir toutes les publications à ce sujet de ce blog). Puis en 2024, un LP (encore trop cher !) présentant enfin l'album seul Il Leone e la Bandiera avait été publié à 500 exemplaires numérotés. Peu après, la version CD du même Il Leone e la Bandiera, financièrement plus abordable et comprenant en prime des bonus tracks, sortait discrètement. Je pense que vous comprenez bien le petit tour de passe-passe organisé par le label !
Une nouvelle recension de cet album me paraît aujourd'hui utile pour lui redonner le juste éclairage qu'il mérite. 
L'écoute d'Il Leone e la Bandiera débute par une ouverture (instrumentale) mêlant divers orgues et synthés aux sonorités plutôt imposantes, comme à la grande époque. C'est bien le son Le Orme que l'on entend et je dois avouer que cette introduction est plutôt dynamique Voilà un démarrage qui rassure sur la direction prise.
"Acqua di Luna" permet de faire connaissance avec Luca Sparagna, le nouveau frontman du groupe qui prend le poste, après plusieurs essais plus ou moins convaincants avec d'autres chanteurs/bassistes. Sa voix est effectivement très proche de celle d'Aldo avec par contre moins de puissance. Mais la ressemblance vocale reste troublante. Le morceau d'une grande luxuriance est tout simplement beau et n'a clairement rien à envier aux chansons pop écrites par Aldo.
"Ferro e Fuoco" démarre sur un intrigant riff d'orgue Hammond plutôt lourd. La section rythmique entre rapidement en action et le groupe déroule ensuite jusqu'au chant de Luca qui adopte une posture vocale de rocker. Étonnant mais très réussi. Les arabesques jouées au synthé par Michele Bon sont du pur Le Orme. Michi Dei Rossi se met au diapason en martelant ses peaux sur un rythme binaire. Les vénitiens de Le Orme dans un exercice de hard swinguant, c'est pour le moins réjouissant en 2024.
Quasiment enchaînée avec "Ferro e Fuoco", "Lucciole di Vetro" est une très belle chanson enlevée assortie d'un refrain superbe, sûrement une des perles de cet album qui peut sans aucune hésitation être comparée aux grandes compositions romantiques d'Aldo. Le pont d'obédience classique, jouée au piano par Michele Bon, est également de toute beauté.
"L'alba della Partenza" est un croisement réussi entre le style Le Orme et celui d'E.L.P.. Il semble que Michele Bon se soit également vraiment fait plaisir sur cette composition. Discrètement mais sûrement, au fil des pistes, la voix de Luca Sparagna s'impose et affirme sa personnalité. Une présence qui se confirme d'ailleurs également sur "Rosa dei Venti" avec sa ligne mélodique sublime reprise en fin de morceau par une chorale mixte le transformant en hymne, d'ailleurs chanté a capella sur les dernières mesures.
L'album se termine par l'énorme instrumental "Caigo" construit en forme de happening, titre dans lequel on distingue facilement une fois encore la patte de Michele Bon qui rappelle ce qu'il avait apporté au groupe pour les albums Elementi et L'infinito. Voilà en tout cas sept minutes d'un final à rebondissements bien rempli ! 

Cet album de Le Orme sorti en 2024 est en fait excellent. Il est ce que le groupe a fait de mieux depuis le départ d'Aldo en 2008, çà ne fait aucun doute car si La Via della seta (2011) était également très bon, il n'avait pas le même niveau d’homogénéité que ce Il Leone e la Bandiera qui, en outre, ne présente pas de moment faibles. Je ressens même une forme de régénération avec le sang neuf apporté par Luca Sparagna qui est incontestablement la très belle surprise de ce disque. L'homme du match en quelque sorte ! Il n'est d'ailleurs pas usurpé de lui décerner une mention spéciale tant Luca assure comme un chef et pas seulement sur cet album car pour l'avoir entendu  plusieurs fois en concerts, il fait vraiment le job avec classe. Et Dieu sait que remplacer dignement Aldo Tagliapietra à la fois à la guitare, à la basse et surtout au chant n'est pas un rôle facile. Luca Sparagna, lui, se hisse au niveau de son illustre prédécesseur sans problème ! 
Cette version CD comprend également en bonus track des versions live de "Rosa dei venti" et "Acqua di luna" confirmant l'excellente forme de ce groupe enfin revenu à son meilleur niveau. 
 

La tracklist (CD) :

1. Ouverture
2. Acqua di Luna
3. Ferro e Fuoco
4. Lucciole di Vetro
5. L'alba della Partenza
6. Rosa dei Venti
7. Caigo

8. Rosa dei venti - live (bonus track)
9. Acqua di luna - live (bonus track)

+ Acqua di luna (vidéoclip)

Voici le lien pour commander la version CD éditée à 1000 exemplaires numérotés : Orangle Records CD

 

mercredi 8 octobre 2025

Aufklärung : Nell'idea di un tempo che

Le groupe Aufklärung, trente ans après l’impressionnant De la tempesta...l'oscuro piacere, réapparaît ressuscité par deux de ses membres originels, Michele Martello et Marco Mancarella, pour nous offrir un très bel album. L'absence de Chicco (Francesco Grosso) au chant se fait évidemment sentir même si Michele De Luca s'en sort très bien. Mais, tout cela n'a finalement qu'une importance relative car la musique que propose le groupe en 2025 prend le contre-pied du néo-prog puissant et expressif qui était sa marque de fabrique en 1995. Aufklärung délivre désormais un rock progressif italien beaucoup plus symphonique, parfois même pastoral ("Ansia"), ce qui n'exclut pas quelques beaux moments encore hargneux que l'on peut apprécier surtout sur "Urlo" et à moindre degré sur "Apnea". Ces deux morceaux plus remuants, sont entourés par deux très belles suites de plus de treize minutes chacune, "Ansia", plus aventureuse par ses contrastes, ayant largement ma préférence. En tout cas, le Aufkärung de 2025 répand encore sa lumière bienfaitrice. Nell'idea di un tempo che marque ainsi un retour tout à fait honorable de la formation de Brindisi.

Le groupe : Michele Martello (guitare), Michele De Luca (chant), Marco Mancarella (claviers), Dante Di Giorgio (basse, guitare), Doriana De Luca (flute), Riccardo D'Errico (batterie).

La tracklist :

1. Respiro n°1
2. Urlo
3. Apuea
4. Ausia

mardi 7 octobre 2025

Bambi Fossati : il castello tira sassi

 

Les fans les plus fervents du rock progressif italien se rappellent obligatoirement du groupe Garybaldi et de ses deux albums, surtout Nuda (1972) auréolé de sa pochette culte signée Guido Crepax.
Derrière Garybaldi (et Gleemen), il y avait le guitariste Pier Niccolo Fossati aka Bambi Fossati trop tôt décédé en juin 2014, qui après la dissolution de son groupe en 1974 avait poursuivi sa carrière en solo ainsi qu'au sein d'une formation dont le nom rappelait son diminutif : Bambibanda. Étaient bien sûr venues s'ajouter des reformations ponctuelles de Garybaldi, la dernière en 2010, Bambi Fossati ayant ensuite dû faire face à la maladie qui allait l'amener à sa disparition. Bien que peu connu du grand public, son nom apparaissait de temps en temps quand on évoquait les légendes du vieux prog italien des 70.
Maintenant une petite histoire pour lancer cette chronique.     
Il y a environ deux ans, je suis sur la place Giacomo Matteotti à Gênes à discuter avec deux vendeurs de disques. L'un d'entre eux me raconte alors une histoire incroyable. En déménageant la cave de la maison de Fossati, quelqu'un de la famille a retrouvé des bandes enregistrées par le guitariste. La (double) question se pose évidemment de savoir si elles sont exploitables et si quelqu'un serait intéressé pour les publier. J'avoue ne plus avoir pensé à cette anecdote ensuite. Des histoires comme ça, on en entend régulièrement sans qu'il n'y ait jamais de suite.
Une année plus tard, en passant chez  Black Widow Records, je me retrouve avec ce CD entre les mains, Pino et Massimo me racontant à nouveau cette même histoire de bandes exhumées. Mais maintenant c'est du concret. Car une fois encore, la team de BWR a fait des miracles ou plutôt un miracle en réhabilitant ces enregistrements pas forcément très anciens puisque l'on peut les situer dans une période allant de 1994 à 2003.
Il castello tira sassi ne peut pas être considéré à proprement parlé comme un testament de Bambi Fossati, mais plutôt comme un témoignage de sa verve artistique. Il y a toujours quelque chose d'émouvant lorsque l'on écoute bien des années après des prises qui n'étaient pas forcément destinées à être publiées, un peu comme si l'on ouvrait pour la première fois un journal intime.         
Grâce au travail méticuleux de post-production réalisé par Alessandro Paolini, les 11 tracks proposées (l'intro est parlée) présentent une qualité d'écoute globalement satisfaisante. Mais elles ont surtout toutes pour point commun de présenter le guitariste gênois dans un registre différent de celui de Garybaldi, car même si les sonorités et les intonations sont proches évidemment, le Fossati que l'on entend sur cet album est beaucoup plus roots. C'est principalement vrai pour ce qui concerne les 4 brûlots blues rock "Reprimanda mores", "Qualcosa non va", "Trattoria Celeste" et "In una stanza" enregistrés durant la même session (probablement live) par le trio Fossati / Nuovibri / Olivieri. Un peu plus loin le bloc "Palazzo pazzo", "Mille città", "Schizzo metropolitano" datant probablement des années 90 est d'une veine plus pop-rock débridée, "Schizzo metropolitano" s'approchant d'ailleurs beaucoup du style du groupe napolitain Osanna. Quant à la très belle chanson "Madre di cose perdute", elle sonne comme du Gleemen, Maurizio Cassinelli et Gian Paolo Casu sont d'ailleurs présents sur l'enregistrement. Au passage, ce morceau est incontestablement la perle de cet album avec en prime les vocalises de Vania Altrinetti.
Les bonus tracks viennent encore ajouter un surcroît de bonnes surprises, surtout avec "Toledo" qui permet d'entendre un nouveau solo d'anthologie de Fossati. Car pour ceux qui ne le connaissaient peu ou pas, ils pourront se rendre compte que Bambi Fossati n'avait vraiment pas usurpé son sobriquet d'Hendrix du sud. Tout y était : une attaque de cordes brute et anguleuse, un son de guitare acide et des décollages psychédéliques amplifiés et renforcés par les effets tordus qu'il réussissait à faire sortir de ses pédales. Il avait aussi pour lui une voix pas toujours exceptionnelle mais caractérisée par des inflexions très typées et par une chaleur bluesy.
il castello tira sassi (qui peut être traduit par "le château en ruine") constitue un bel hommage posthume dédié à celui dont le nom a toujours été prononcé à Gênes avec beaucoup de respect.  
Gloria animae suae.
La tracklist : 
  1. Intro
  2. Reprimanda mores
  3. Qualcosa non va
  4. Trattoria Celeste
  5. In una stanza
  6. Mona
  7. Palazzo pazzo
  8. Mille città
  9. Schizzo metropolitano
  10. Madre di cose perdute
  11. Toledo (bonus track - studio live)
  12. 26 Febbraio 1700 (bonus track - live)

 Label : Black Widow Records

 

mercredi 1 octobre 2025

IMAGINAERIUM : Siege

Cela fait très longtemps que je ne me suis pas intéressé à Clive Nolan, je l'avoue. Les albums d'Arena, de Shadowland ou encore de Strangers on a Train (avec la regrettée Tracy Hitchings) me semblent être relégués très loin dans mes souvenirs d'expériences musicales, pas toujours satisfaisantes, d'il y a trente et encore vingt ans. Je suis de plus de nature assez circonspect face à ces artistes qui multiplient les projets musicaux avec comme corollaire une production pléthorique d'albums (Neal Morse et même Roine Stolt en font aussi partie).
Il était donc temps de se rebrancher sur l'Anglais Clive Nolan. La présence de trois Italiens dans le projet Imaginaerium dont la tonique chanteuse Laura Piazzai m'en a donné l'occasion. Les autres représentants italiens étant Mirko Sangrigoli et Simone Milliava (également associé au projet Chamber of Creation d'Antonello Epifani pour ce dernier).
Côté musique, avec pour postulat que Clive Nolan est l'unique auteur-compositeur-arrangeur, et me rappelant de ses précédents projets associant des voix féminines, notamment Tracey Hitchings mais aussi Agnieszka Swita avec Caamora, je m'attendais à quelque chose tournant entre le rock opera et la comédie musicale. Au final, le résultat est à la fois plus complexe et plus diversifié que l'on pouvait l'imaginer. Je considère cet album comme un conte musical épique relevant de l'heroic-fantasy avec quand même pas mal de grands moments que ce soit "Cry Boudica", "The Final Redoubt", "When My Eyes Are Closed", "To The Victor Go The Spoils". Je mets à part le final "Blood Moon" qui se distingue par une ambiance vraiment prenante, voire énorme, dont l'impact est un peu affadi par une sortie en fade out. Sur l'ensemble de l'album, la forme adoptée, voulant coller au récit, entraîne automatiquement une hétérogénéité stylistique. On peut comprendre que certains thèmes (la rébellion, la guerre ou la désespérance après la défaite par exemple) soit traités avec des atmosphères musicales très différentes. Je reste par contre assez dubitatif au sujet de "Never Burn the Cakes" qui me semble hors sujet tant au niveau du style musical que de l'anecdote évoquée. De même, le chant de Clive Nolan sur "The Last Arrow" vient casser la superbe dynamique insufflée jusque là par Laura, dans une resucée de "La belle et la bête" ! 
Car il est évident que la voix généreuse et expressive de Laura tire les chansons vers le haut. Son style de chant, que l'on peut qualifier d'habité, convient parfaitement à ces compositions au demeurant excessivement mélodiques. Laura n'est pas du genre à s'investir à moitié, et cela se ressent dans ses performances vocales pour lesquelles elle met tout ce qu'elle a dans le ventre. On sent qu'elle s'identifie complètement à ses personnages. C'est particulièrement le cas pour la reine Boudica dont l'histoire inspire la première chanson de cet album. Avec l'héroïne Boudica (Boadicée), Nolan et Piazzai nous ramènent ainsi en Angleterre, dans le Norfolk, au Ier siècle après JC pour conter les malheurs de cette reine guerrière se révoltant contre les occupants romains, après avoir été fouettée en place publique (là, il y avait quelque chose de plus croustillant à faire, dommage !). Rien d'étonnant à tout cela, quand on sait que Clive Nolan est un grand passionné d'histoire (britannique de préférence) et qu'il adore tout ce qui touche à l'ésotérisme.  .
Côté artwork, il faut reconnaître que, comme pour The rise of Medici, de gros moyens ont été mis pour proposer un produit fini de grande qualité avec au final l'opprtunité de posséder un véritable objet d'art, consistant en un livre de plus de trente pages, comprenant illustrations, photos, textes, accompagnant le CD principal, un CD bonus et un DVD avec des vidéos bonus et un making off de la réalisation du projet.   
Si vous voulez offrir un chouette cadeau de Noël à un ami progueux, alors vous avez, avec ce très beau coffret Imaginaerium - Siege, de quoi lui faire vraiment plaisir (les liens pour commander sont en fin de page). 

Musiciens :

Clive Nolan : claviers, piano, chant lead vocals (8), chœurs (1,3,7,10)
Laura Piazzai : chant lead et chœurs
Mirko Sangrigoli : batterie, guitares (1,3,6,7)
Luis Nasser : basse
Simone Milliava : guitares (1,2,5,7,8,10)
Soheila Clifford, Caron Morgan,,Ethan Barnett, Ryan Morgan  : voix (1)


Tracklists : 
 
CD 1 :
1. Cry Boudica
2. The Final Redoubt
3. Footprints
4. All There Is to See
5. When My Eyes Are Closed
6. To The Victor Go The Spoils
7. Never Burn the Cakes
8. The Last Arrow
9. Deep
10. Blood Moon

CD bonus :
1. Dorian Gray (re-visit)
2. The Last Arrow (acoustic guitar and voice)
3. Cry Boudica (instrumental guitar version)
4. When My Eyes Are Closed (piano and voice)
5. All There Is to See (duet version)
6. The Final Redoubt (instrumental guitar version)
7. Deep (pure strings)
8. Dorian Gray (acoustic guitar mix)
9. Footprints (Viking walk)

DVD/Blu-Ray 

1. Official Video "The Final Redoubt" (4:35)
2. Video Documentary "The Making Of and More" (43:53)

Bandcamp Imaginaerium - Siege 

Site web Imaginaerium

 

 




 

 

samedi 27 septembre 2025

Caravaggio : We all we are


Cette année, le festival Veruno 2 Days + 1, c'était un peu Noël avant l'heure avec plusieurs sorties d'album programmées pour coïncider avec cette évènement devenu désormais la place la plus importante du prog en Europe. Il suffit pour s'en convaincre de constater le nombre conséquent de nouveaux venus chaque fin d'été à Revislate, dont beaucoup de Français d'ailleurs.  
Avec les excellents et accrocheurs singles "Isolation et "Rejoice", présents sur l'EP publié l'année dernière,  nous avions déjà eu un avant-goût de ce que pourrait donner ce nouveau disque de Caravaggio. Il n'empêche ! We all we are surprend quand même. Ce constat est d'autant plus inattendu que le groupe garde son identité si particulière couvrant un spectre assez improbable qui va du folk méditerranéen au prog métal (dosé mon frère, dosé !) en passant par l'art rock et le post rock. Mais voilà, ses membres, et en particulier Fabio Troiani et Vittorio Ballerio, semblent n'avoir aucunement l'intention de faire du sur place et encore moins envie de reproduire à l'infini la même recette. 
De fait, ce deuxième album intronise Caravaggio comme une formation créative qui démontre une évidente envie d'aller explorer de nouveaux paysages sonores avec comme un fil rouge, cet accordéon, instrument emblématique du son du groupe. Le piano à bretelles est souvent présent discrètement comme une évidence, mais parfois aussi il est introduit dans un univers musical décalé par rapport à son registre naturel, et ça fonctionne bien aussi !
Même si je reste un peu dubitatif sur le côté U2/Joshua Tree de "In the place where I was born", je dois dire que je n'ai pas bouder mon plaisir à l'écoute de cet album qui m'a parfois gentiment bousculé ("We all we are") pour mieux me  charmer ensuite avec "Controversial" ou encore avec "Behind the mask" (également présent sur l'EP de 2024), un morceau articulé en deux parties : tout d'abord, une simple chanson un peu triste et très mélancolique, avec un accompagnement minimaliste, puis ensuite une deuxième section entamée par un riff métal. On y retrouve les ingrédients qui forment la marque de fabrique du groupe avec ce chant généreux et cet accordéon qui s'invite partout mais ne s'impose jamais. "Behind the Mask, part 2" est réellement un titre aventureux, rempli de rebondissements qui garde pourtant une grande fluidité.
Mais tout cela, c'est sans compter avec la dernière piste, "Divine comedy Tarantella", une composition hybride (une de plus !), entraînante, au pouvoir littéralement envoûtant. Cette fin en forme de derviche tourneur pourrait d'ailleurs faire penser à une transition voire à un passage mystique vers le prochain album. 
En attendant, je n'ai pas fini d'écouter et de savourer cet album si original et si décalé par rapport à un rock progressif italien plus classique. 

Pour les amateurs d'art, la couverture est une reproduction d'un tableau du peintre Giuseppe Pellizza da Volpedo, intitulé Il quarto stato, une huile sur toile que vous pouvez contempler au Musée d'Art Moderne de Milan.

Le groupe : Vittorio Ballerio (chant), Fabio Troiani (guitares, programmation), Serhan Kazaz (guitares, bouzouki, chant sur 6), Stefano Spitale (accordéon), Piero Chiefa (basse, glockenspiel), Alessio Del Ben (batterie).
Avec :  Guido Block (chœurs), Tiziano Chiapelli (accordéon sur 3), Margherita Fossati (choeurs sur 3), Giulia Bertassi (accordéon sur 8), Lorenzo D'Erasmo (percussions et flûtes sur 9).

La tracklist :

1. Isolation
2. Rejoice
3. In the place where I was born
4. We all we are
5. Controversial
6. White lies on our black tongues
7. Behind the mask, Part 1
8. Behind the mask, Part 2
9. Divine comedy Tarantella




Releases information

Cover: Guiseppe Pellizza da Volpedo
Label: Ma.Ra.Cash Records
Format: CD, Digital
September 5, 2025

mardi 23 septembre 2025

Elisa Montaldo : Il fascino dell'Insolito (chronique)


Voilà un nouveau projet parallèle d'Elisa Montaldo qui m'a fasciné dès sa mise en chantier. Pour qu'il n'y ait pas de quiproquo, je précise tout de suite qu'il s'agit d'un projet insolite en marge du prog (vous noterez au passage les deux allusions discrètes au titre de l'album) .
Ce disque, un peu particulier, présente neuf thèmes musicaux qui illustraient des séries télé des années 70 en Italie, le plus souvent diffusées sur des chaînes de la RAI. Tous ces téléfilms avaient la particularité de baigner dans le mystère ésotérique et de mélanger le fantastique avec la science-fiction. Tous les génériques ont été composés par des compositeurs italiens réputés : Bruno Nicolai, Romolo Grano, Mario Migliardi, Stelvio Cipriani, Egisto Macchi, Riz Ortolani, Berto Pisani. De manière assez étonnante, nous avons une nouvelle fois travaillez en même temps sur des sujets proches avec Elisa puisque mon dernier livre Le cinéma de genre italien comme vous ne l'avez jamais entendu, évoque nommément tous ces compositeurs ainsi que les téléfilms en question.
Je garderais longtemps en mémoire la première audition de ce CD en conditions Hifi chez Black Widows avec Elisa Montaldo et Massimo Gasperini, un moment réellement émouvant et prenant, tout particulièrement à l'écoute de la dernière piste "Ho incontrato un'ombra".
De manière assez inattendue, mais finalement pas si étonnante que cela, ces morceaux collent parfaitement au style musical d'Elisa Montaldo. Elle y apporte en plus une profondeur qui fait la différence. De fait, le rendu musical obtenu par Elisa est absolument remarquable tant par le soin qu'elle a mis à reproduire l'atmosphère de ces thèmes que par la sensibilité toute personnelle qu'elle y apporte. Le sentiment d'effectuer un voyage en arrière dans le temps est absolument troublant. L'illusion est parfaite. Pour ceux, rares en France je le concède, qui ont regardé ces téléfilms, il y a évidemment une forme de nostalgie qui s'installe à l'écoute de ces vieux génériques. 
Elisa Montaldo réussit parfaitement son entreprise de régénération de ces thèmes aux atmosphères mystérieuses, témoins d'une époque où l'euphonie musicale était encore la norme. Il est en tout cas bien difficile de résister à ce petit plaisir, certes un peu suranné, mais tellement doux et gracieux.

Ce CD a été pressé à 100 exemplaires. Voici le lien bandcamp d'Elisa Montaldo pour le commander.
Bandcamp Elisa Montaldo
Quelques copies sont également en vente chez Black Widow Records. 

La tracklist : 

  1. Voci notturne 
  2. La dama dei veleni
  3. Il segno del comando
  4. A come Andromeda (écoute possible en cliquant sur le titre)
  5. Il fauno di marmo
  6. L'amaro caso della baronessa di Carini
  7. ESP
  8. Rittrato di donna velata
  9. Ho incontrato un'ombra

Crédits : 

Elisa Montaldo : piano, claviers, synthétiseurs, theremin, lyre, sons et effets, voix.  

Mastering au studio Neraluce de Barbara Rubin  

L'artwork, à la fois approprié et original, est signé Maira Pedroni (cf. aussi son travail pour Albus Diabolus).

 


 

dimanche 21 septembre 2025

Il Segno del Comando : Sublimazione (chronique)


Il y a quelques semaines le groupe Il Segno del Comando annonçait la sortie d'un album live pour juillet 2025. Un petit évènement en soi puisque que jusque là, en fait de live, nous avions seulement un enregistrement, datant de 2017, certes réalisé en conditions live mais en studio, nommé Il Segno del Comando : ... Al passato, al presente, al futuro...Live, un album présenté sur ce blog à l'occasion de sa réédition 2024, chronique ici.
Mais cette fois, c'est du sérieux puisque nous avons l'essentiel du concert assuré par les génois le 31 janvier 2025 à Pesaro, soit sept morceaux auxquels ont été ajoutés trois titres bonus provenant d'un concert un peu plus ancien (30 octobre 2022) en Hollande, pour une durée totale d'écoute de 78 minutes. Pour ses trente années d'existence, le groupe s'offre donc enfin un vrai album live et quel album!
Car au-delà du fait que la set-list jouée constitue une sorte de best of des meilleurs titres d'Il Segno del Comando, nous avons enfin l'opportunité de pouvoir entendre le vrai son du groupe en conditions live. Et je peux vous affirmer que cela fait toute la différence notamment au niveau des parties de guitares qui sont une des vraies forces des génois en concert avec les deux guitaristes, Davide et Roberto, qui ont la bonne habitude d'aligner des soli de folie à tomber par terre. C'est aussi l'occasion de savourer le chant de Riccardo Morello dont la voix s'épanouit dans sa nudité la plus naturelle, sans filet, confirmant l'excellence de ce chanteur, évidemment irrésistible sur "Sulla via della veglia". Et puis, il y a bien sûr l'inamovible Diego Banchero, véritable pilier du groupe, impérial au passage sur l'instrumental sur "Aseità", dont les lignes de basse soutiennent solidement l'ensemble de l'édifice. Il est épaulé dans sa mission rythmique par Paolo Serboli, le dernier arrivé (avec au passage un petit salut amical à Fernando Cherchi). Enfin, il est plaisant d'entendre parfaitement les accompagnements de Beppi Menozzi aux synthés et ainsi se rendre compte que le claviériste génois connaît sur le bout des doigts les codes du rock progressif symphonique italien, comme il le démontre sur "La taverna dell'angelo" ou encore sur "Il mio nome è menzogna" par exemple. 
Tout est exceptionnel dans ce live, mais si vous voulez appréhendez au mieux l'essence même de ce groupe, alors écoutez en priorité l'emblématique "Il segno del comando" qui tient autant de l'orgie sonore gothique que du festival pyrotechnique en mode dark prog (en même temps, je m'en veux déjà de ne pas citer les autres morceaux, tiens "Il mio nome è menzogna" ou "Missa nigra" au hasard !).
Ne soyez pas surpris : la prise de son est à la fois brute et généreuse, sans aucun fard. C'est ce qui fait tout l'intérêt de ces captations car c'est réellement comme cela que sonne cette formation capable de délivrer un flot musical à la fois puissant, efficace et roboratif. 
Cet enregistrement rend donc vraiment justice au groupe génois qui après trois décennies sur le pont, sans jamais baisser la garde, peut aujourd'hui légitimement être considéré comme un des grands noms du prog italien contemporain. Quod erat demonstrandum !
Sublimazione n'est pas un album juste "essentiel" mais un live absolument "indispensable" à posséder.
 
Le groupe : Diego Banchero (basse), Davide Bruzzi (guitare et claviers), Roberto Lucanato (guitare), Riccardo Morello (chant), Beppi Menozzi (claviers, 1 à 7), Paolo Serboli (batterie, 1 à 7), Fernando Cherchi (batterie, 8 à 10).
 

La tracklist:

  1. Il domenicano bianco
  2. Sulla via della veglia
  3. Nel labirinto spirituale
  4. La bianca strada
  5. La taverna dell’angelo
  6. Il segno del comando
  7. Aseità
  8. Il mio nome è menzogna (bonus track)
  9. Missa nigra (bonus track)
  10. Il calice dell’oblio (bonus track)
Petite précision très utile : cet album est réalisé en auto-production. Je vous mets donc ici l'adresse du site du groupe Il Segno del Comando pour vous permettre de faire vos petits achats directement !

vendredi 19 septembre 2025

G.O.L.E.M. : Still Life (EP)

 

Le groupe G.O.L.E.M. a profité de son passage en opener au Festival 2 Days + 1 de Veruno, le 5 septembre 2025, pour présenter un EP, Still life,  faisant suite aux deux albums Gravitational Objects of Light, Energy and Mysticism de 2022 et Gathering Of the Legendary Elephant Monsters de 2024.
Nous avions eu un avant goût de ce nouveau travail avec la sortie en mai 2025 d'un 45 tours vinyle comprenant uniquement le morceau "Born erased". Cette fois l'EP propose la suite intégrale Still life en trois parties pour une durée totale de 14 mn 40.
Alors, vous allez me dire que le titre Still life vous rappelle quelque chose. Et pour cause, Van der Graaf Generator est bien une des sources d'inspirations du groupe à défaut d'être une influence musicale directe, quoique ! Nous allons en reparler justement.
Car cet EP marque une forme de rupture avec le passé musical du groupe. Si "Born erased" porte encore les stigmates d'un bon gros hard prog, avec "Sons of death" et "Still dreaming", les musiciens de G.O.L.E.M. semblent vouloir évoluer vers un son plus fluide, s'éloignant du heavy prog pour flirter avec un rock sombre et quasi atmosphérique, mâtiné de quelques parties abstraites, à la limite de l'expérimental, placées en arrière-plan. Bien que l'ambiance générale reste gothique, on décèle une volonté d'ouvrir l'horizon musical vers quelque chose de plus expressif, nettement proche d'un format chanson exaltant une poésie noire (tiens tiens !) dans la deuxième et surtout dans la troisième partie de la suite. 
Voilà une mutation stylistique plutôt inattendue mais toutefois bienvenue. Le groupe semble à l'aise dans ce registre différent qui, accessoirement, convient très bien au timbre vocal de Marco Vincini. 
Cette nouvelle voie explorée par G.O.L.E.M. demande maintenant une concrétisation sur un format album, mais en tout cas cet EP en forme de teaser ne peut que donner confiance pour la suite. 
L'EP a été pressé à 100 exemplaires, je ne saurais trop vous conseiller de vous précipiter sur l'objet car pas mal de copies sont déjà parties.

Le groupe : Paolo Apollo Negri (orgue et synthétiseurs), Marco Vincini (chant), Emil Quattrini (pianos électriques, mellotron), Marco Zammati (bassse), Francesco Lupi (batterie). 

La tracklist : 

1. Still life (Part 1) : Born erased

2. Still life (Part 2) : Sons of death

3. Still life (Part 3) : Still dreaming

Label : Black Widow Records