samedi 27 mai 2023

Giant The Vine : A chair at the backdoor

En 2019, Giant The Vine avait fait sa première apparition réussie avec l''excellent album Music for empty Places. Nous en avions d'ailleurs profité pour faire mieux connaissance avec ce groupe au travers d'une interview. Nous voilà aujourd’hui, quatre ans après donc, en présence du deuxième album tout frais sorti (19 mai).
Nous en étions resté à une formation qui proposait un post rock instrumental tournant le dos au passé pour mieux s'ouvrir sur des horizons nouveaux à l'instar de Laviantica, les deux groupes présentant d'ailleurs quelques similitudes stylistiques. Honnêtement, je ne vois pas ce nouvel album démentir cette définition, bien au contraire. A chair at the backdoor garde le même cap. Dès "Protect Us from the Truth", Giant The Vine installe à nouveau ses atmosphères énigmatiques, plutôt austères desquelles se dégagent une forme de spleen frisant parfois la neurasthénie. Voilà pourquoi on attend dans chaque morceau le trait de lumière qui en devient à chaque fois un éclair d'espoir; Pourtant, pour sombre qu'elle soit, cette musique s'impose par sa cohérence et aussi par sa mesure. Si vous écoutez attentivement "Jellyfish Bowl", vous constaterez comment chaque note est pesée au gramme près, comment chaque ligne est pensée comme un fil qui amène à un autre fil. Tout est ici essentiel, sans fioritures il est vrai, mais sans non plus de passages inutiles. Je l'ai toujours dit, l'art de la concision est l'art des sages. C'est aussi vrai en musique ( et pas toujours dans le prog justement !). Si vous commencez l'album par l'écoute de "The Heresiarch", vous allez me faire remarquer que ce court morceau est pour le coup très expansif et qu'il ne correspond pas à ce que je viens de vous décrire. Et bien, c'est à voir. Oui le langage est ici plus exubérant mais vous constaterez que les musiciens restent concentrés, voire même aimantés, sur un long chorus en développement dont ils ne s'écartent pas et que chaque membre alimente sans en rajouter. A contrario " The Inner Circle" vous entrainera dans le côté le plus intimiste de la musique du groupe. Enfin, nous avons en plat final "A Chair at the Backdoor", une pièce de résistance de 12 mn 24 exactement qui pourrait bien vous évoquer quelques beaux moments et quelques belles ambiances intimistes de Laughing Stock, le magnifique album de Talk Talk. Même si ce n'est pas voulu, ce n'est pas non plus complètement un hasard tant l'influence de Mark Hollis est revendiquée par Fabio Vrenna. Et si c'est un hommage à l'Anglais disparu trop tôt en 2019, et bien c'est un bel hommage car ce morceau est juste magnifique et là oui, le groupe lâche enfin les chevaux pour un emballement irrésistible, qui démarre à 6 mn 30,  et que le saxophone de Gregory Ezechieli fait plus qu'accompagner. Il le magnifie. Vous noterez aussi que pour ce titre, les guitares électriques sonnent différemment. C'est plus rugueux, plus rock tout simplement.. Jusqu'au bout, ce morceau est prenant et passionnant. jusqu'à ses arpèges finaux de guitare acoustique qui prennent pour modèle ceux de l'intro. 
Avec Giant The Vine, nous sommes évidemment plus en territoire post rock que prog mais ce post rock sincère et non dénaturé me plaît (parce que de vous à moi, dans le post-rock, il y a à boire et à manger !). Si vous êtes dans cet état d'esprit, alors plongez dans cet album les yeux fermés (et surtout les oreilles ouvertes), vous ne serez pas déçus.  

Le groupe : Antonio Lo Piparo (basse), Daniele Riotti (batterie), Fulvio Solari (guitares, lap steel),  Fabio Vrenna (claviers, Mellotron, guitares)

Musiciens additionnels : Ilaria Vrenna (piano sur 1,2,6), Simone Salvatori (piano sur 4), Gregory Ezechieli (saxophone sur 1,7)

 

La tracklist :

1. Protect Us from the Truth
2. Glass
3. The Potter's Field
4. Jellyfish Bowl
5. The Heresiarch
6. The Inner Circle
7. A Chair at the Backdoor

Le lien bandcamp du groupe, c'est ici.

Label : Luminol Records




vendredi 26 mai 2023

Divae Project : Prog will never die

Il faut bien que vous ayez des scoops de temps en temps ! Alors, regardez voir ce que le pape du prog italien, Guido Bellachioma, nous a concocté avec la participation royale de Gianni et Vittorio Nocenzi. Les deux frères milanais réinterprètent sur la face B du vinyle trois titres de Banco del Mutuo Soccorso : "La città sottile", "750 000 anni fa... l'amore ?" et "bambino". La face A présente trois instrumentaux inédits : " Tango zoppo", "E pericoloso giocare con il fuoco", "Prog will never die". Que du très bon et du très grand en perspective.

çà sort le 23 juin et c'est une production Divae Project évidemment !

mercredi 3 mai 2023

Il Fedelissimo Bracco Branco : A maze of mist and waves

Je profite de la mise en ligne de cet EP en format numérique pour vous parler du groupe Il Fedelissimo Bracco Branco que j'avais injustement mis de côté lors de la sortie de son premier album, Appunti Di Navigazione, en 2017. J'avoue avoir manger la commission et avoir oublié de le chroniquer à l'époque. Dommage car ce disque avait de grandes qualités mais aussi quelques petits défauts comme le recours trop systématique à l'accordéon par exemple (qui a disparu pour le nouveau morceau que nous allons présentement évoqué) qui, avec la manière de chanter de Federico Panighel, donnait un côté recueil de chansons de marin à l'ensemble (ce qui, a priori, était voulu je dois préciser), me faisant même penser par moments au Tempest de Lief Sorbye.

Pour ce qui concerne  A maze of mist and waves, nous avons affaire à une pièce instrumentale de 17 minutes 34 qui a belle allure. Il s'agit en fait d'une suite découpée en quatre parties. Chacune venant parfaitement prendre le relais de la précédente, chacune développant une atmosphère propre, mais avec une homogénéité relative de l'ensemble. "Exodus' a la charge d'ouvrir le bal. Les guitares, acoustique puis électrique, sont mises en avant et, à défaut d'être très originale, cette première section a le mérite de montrer que l'on a affaire à de très bons musiciens qui appuient forts et surtout qui maitrisent parfaitement les changements de métriques. Avec pour intro, quelques notes de piano évanescentes, "Revelation" enchaîne sur un ton beaucoup plus posé. Mais il s'agit en fait d'un calme relatif avant la tempête, car cette deuxième partie cache deux accélérations aussi soudaines que réjouissantes. Avec "Contact", le groupe passe en mode musique électronique planante avec à nouveau une intervention de piano qui prend le dessus sur les synthés pour développer une mélodie étirée dont chaque note semble tomber dans un vide infini. C'est évidemment très beau. C'est le même piano qui entame la dernière partie ("Synthesis") en reprenant les premières notes d"Exodus" dans une version épurée. Je vous le dis tout de suite, cette quatrième section est le climax de A maze of mist and waves. Les musiciens font feu de tout bois avec des changements de rythmes de malade, des montées en puissance irrésistibles, des diminuendos tout aussi impressionnants et avec en prime plusieurs soli  de guitare qui vous scotchent littéralement. Au passage, on sent que le gars Crovato s'est fait plaisir. Je me rends compte que je n'ai pas parlé du jeu de basse de Loris Ceccato qui me plaît vraiment beaucoup. J'aime ses lignes de basse qui sont à la fois précises, efficaces et avec une résonance très réussie. Et c'est bon jusqu'au bout ! La suite parfaite qui je l'espère augure d'un nouvel album au format physique cette fois. 

Le groupe : Federico Panighel (claviers), Stefano Crovato (guitares), Loris Ceccato (basse), Guido Morossi (batterie). 

A écouter ici version bandcamp ou ici version YT

lundi 1 mai 2023

Antilabé : Animi motus

La musique d'Antilabé me fait voyager, me dépayse et me fait rêver, Pourtant, Antilabé fait partie de ces formations apparentées au prog italien que peu de gens connaissent. Une sorte de secret bien caché D'ailleurs, nulle trace du groupe sur le site prog le plus connu (je ne le cite pas mais vous avez déjà trouvé !). Donc, pour revenir à Antilabé, j'ai découvert ce groupe en 2011 avec l’album Diacronie qui avait été une vraie révélation pour moi. Ensuite, j'ai carrément kiffé (comme dit souvent un jeune collègue à moi) Domus Venetkens, l'album sorti en 2018.

Donc, l'arrivée de ce troisième disque est évidemment un évènement pour moi. Il a été financé par une campagne de crowdfunding, ce qui a permis de réaliser trois cents exemplaires, en série limitée vinyle uniquement, de cet Animi motus. C'est assez incroyable ce qui se passe aujourd'hui. Mais c'est en même temps très cohérent. Tant qu'à faire d'être dans une niche et d'espérer au mieux vendre quelques centaines d'unités d'un album, autant proposer un bel objet, original et en même temps se faire plaisir. Car tous les musiciens que je connais et qui sont dans cette logique, sont vraiment très fiers de sortir un album en édition vinyle.

Les marimbas de Luca Crepet, la basse en contre-chant d'Adolfo Silvestri, la voix enchanteresse de Carla Sossai, un peu plus loin le saxo onirique d'Alessandro Leo, dès les premières secondes de "Labirinti della mente" le nuage musical d'Antilabé reprend sa place dans l'espace sonore comme si le temps, qui s'est écoulé depuis l'écoute de Domus Venektens, n'avait jamais existé. "Labirinti della mente" est à prendre comme une entrée en matière en douceur. "Metalleia", nettement plus jazzy, se distingue par un côté traînant. Le morceau est court (moins de trois minutes). Il marque le vrai début de l'album. Avec "Dubita" on rentre enfin de plain-pied dans l'univers propre à Antilabé : un magnifique bouquet d'étincelles de notes qui explosent avec une légèreté infinie. Je connais peu de formations capables de maîtriser cet art avec autant d'adresse pour un résultat toujours captivant, Antilabé fait partie de ces groupes talentueux. Et quand les musiciens décident d’augmenter la cadence, cela donne "Timor panico" qui pourrait être assimilé à une version assagie de ce que propose habituellement Universal Totem Orchestra. C'est précis et exaltant. En un mot, c'est beau ! Arrivé au milieu de cet album, la question est de savoir si Antilabé est capable de sortir de sa zone de confort. "Segregatione" arrive au bon moment pour bousculer l'ordre établi et démontrer que, oui, ce groupe peut se transcender. La chanson commence par une séquence réellement angoissante : miasmes bruitistes semblant sortir des enfers, déclamation menaçante suivie d'un long lamento plaintif. Puis elle se mue en une pièce quasi dansante qui prend des allures d'ambiance de derviche tourneur, avant de revenir à son point de départ. La pièce qui suit calme le jeu.  "De animi solitudine" est une courte sonate pathétique qui en 4 mn 32 respecte parfaitement les codes du genre. "Resilienza" débute par une intro très new age avant de glisser doucement vers une superbe chanson, typique de ce sait faire Antilabé, avec cette amalgame parfait entre trames soft jazz et lignes mélodiques entrecroisées remontant du folklore méditerranéen. La liaison est d’ailleurs parfaite avec l'ultime piste de l'album. Comme "Una luce nuova" porte bien son nom, tant sa deuxième partie est d'une beauté lumineuse avec cette ligne de chant mélodieuse portée par une orchestration somptueuse qui lui sert d'écrin.

Il y a dans la musique proposée par Antilabé une distinction naturelle alliée à une constance dans la qualité  qui font de ce nouvel album un moment musical privilégié et unique, pour peu que l'on soit sensible au langage stylistique pratiqué par ces musiciens, ce qui est mon cas. Je vous souhaite le même bonheur ! 

Le groupe : Luca Crepet (batterie, percussions), Alessandro Leo (saxophones), Adolfo Silvestri (basses, handpan), Carla Sossai (chant, chœurs),,Loris Sovernigo (piano, claviers), Luca Tozzato (batterie, percussions), Marino Vettoretti (guitares, percussions, claviers)

La tracklist :

  1. Labirinti della mente
  2. Metalleia
  3. Dubita
  4. Timor panico
  5. Segregatione
  6. De animi solitudine
  7. Resilienza
  8. Una luce luova 
Label : Lizard records

dimanche 30 avril 2023

Prog and Frogs 2023

 

 Difficile de résister à cette affiche du festival Prog and Frogs qui se déroule les 10 et 11 juin à Besate !

jeudi 27 avril 2023

Tony Carnevale : Tu che mi puoi capire

Profitant de la sortie du nouvel album de Tony Carnevale, je me dis qu'il est peut être temps que le monde du rock progressif se rende enfin compte de ce que cet immense musicien italien apporte discrètement à ce courant musical depuis maintenant plus de trente ans. Connu et reconnu comme instrumentiste (pianiste) mais aussi comme compositeur, chef d'orchestre, arrangeur et chef de chœur, Tony Carnevale s'intéresse en plus, et depuis toujours, au rock symphonique et a réalisé plusieurs albums qui s'inscrivent au moins partiellement dans ce style. J'avais référencé et chroniqué son album, publié en 1995, La Vita che grida dans mon premier livre (Le petit monde du rock progressif italien). J'ai depuis suivi et commenté ses sorties ultérieures et notamment, récemment sur ce blog (ici), son album de 2001, Movimento III, dans sa version revisitée et complétée en 2022. 

Cette fois, il s'agit d'une œuvre très personnelle. Tu che mi puoi capire est l'hommage d'un artiste accompli à tous ceux et toutes celles qui l'ont nourri intellectuellement et inspiré artistiquement parlant. Mais il y a plus ! Car comme le dit si bien Tony, les expériences et les relations qui marquent une vie sont difficiles à décrire avec des mots. C'est donc au piano, et accompagné d'un orchestre, que Tony Carnevale exprime ces images intérieures qui sont profondément inscrites en lui, comme si elles faisaient partie intégrante de l'homme qu'il est aujourd'hui. Mais loin de rester renfermer sur lui-même, Tony Carnevale s'adresse à ceux qui pourront le comprendre, qui seront capables de ressentir de la passion pour ce qui est beau, de la compassion pour les autres et de la compréhension pour ceux qui vivent différemment. En cela, le titre de cet album (toi qui peut me comprendre) est aussi une sorte d'appel, d'envie d'aller vers les autres.

L'exercice (piano/orchestre) amène à une forme de classicisme que Tony sait rendre passionnant en lui donnant les atours d'une musique contemporaine qui est évidemment basée sur un savoir académique, mais mis au service d'un langage bien actuel. Certains y trouveront un côté musique de film (« il suono della tua voce », "Oltre le note"), ce qui me semble tout à fait en phase avec cette volonté d'exprimer ce qui peut aisément être assimilé à des clichés imprimés de manière indélébile dans l'esprit de Tony. Un morceau comme "Quel discorso che non abbiamo mai finito" a d'ailleurs toutes les caractéristiques d’une pièce impressionniste romantique dont le caractère intimiste n'échappera pas à l'oreille frémissante de l'auditeur attentif.

Les parties symphoniques dégagent une puissance et une emphase qui permettent facilement une transposition visuelle imaginaire. Je pense tout particulièrement à cette pièce de neuf minutes,  "Pagine dal libro", qui est sans doute ce que j'ai entendu de plus beau depuis longtemps. La grandeur de cette composition se construit à travers un flot mélodique d'une richesse rare nourrissant tout un nuancier d'émotions. La surprise est d'autant plus totale que l'intro dirige l'auditeur plutôt vers un univers proche de celui de Keith Emerson, Tony Carnevale reprenant à son compte cette manière distinctive de plaquer des accords marcato sur une structure d'intervalles dissonants (Ah les secondes et les quartes augmentées chères à Keith !). En cela cette étonnante ouverture constitue une sorte de leurre quand on connaît la suite bien différente du morceau qui, je le souligne à nouveau, est une pure merveille, une symphonie de l'espoir, une ode à la beauté absolue. 

Et puis, il y a aussi l'avant dernier morceau, cette nouvelle version de "La vita che grida" réarrangée pour un résultat sublime, du pur rock symphonique orchestré par un Maestro (çà change !). Francesco Di Giacomo est au chant et Rodolfo Maltese à la guitare. Que ces deux là me manquent à moi aussi ! Mais la plongée dans le monde merveilleux de Banco del Mutuo Soccorso n'est pas tout à fait terminée car les 2 minutes 21 de la piste finale, "...al tempo meravigliosamente perso insieme", résonnent encore comme du Banco instrumental, une sorte de "traccia" de laquelle s’échappe quelques notes fugaces citant, devinez quoi? "R.I.P. (Requiescant in pace)" et "Non mi rompete". Un bonheur total !  

Tu che mi puoi capire est évidemment un évènement important dans la carrière artistique de Tony Carnevale. Il y aura un avant et un après ce disque dans sa discographie. Mais, c'est aussi la matérialisation d'un moment charnière de sa vie. Un moment de réflexion, presque de recueillement, où il veut se rappeler de ceux qu'il a rencontré, de ceux qui ont compté et il imagine cela comme un théâtre rempli de ces gens qui, d’une manière ou d’une autre, ont fait partie de sa vie. Cet album est le témoignage de cette démarche sincère et profondément humaine de Tony. On ne peut que s'incliner devant une telle abnégation surtout quand on écoute la résultat.

La tracklist :

  1. il suono della tua voce 
  2. Quel discorso che non abbiamo mai finito
  3. Ad ogni incontro
  4. Oltre le note  
  5. Pagine dal libro
  6. La vita che grida
  7. ...al tempo meravigliosamente perso insieme

Vocaux féminins : Daniela Soraci

 
L'album est sorti le 23 avril 2023 et est disponible en LP et en CD

Label : Soundtrack Records
 

jeudi 20 avril 2023

Balleto di Bronzo : Lemures

Je vous l'avais annoncé il y a quelques mois : la sortie d'un nouvel album de Balleto di Bronzo, dont la seule évocation du nom fait frémir dans le petit monde du rock progressif italien. Donc, en ce mois d’avril 2023, nous y sommes. Lemures sort chez Black Widow. Bien sûr, avec Gianni Leone, il fallait s'attendre à de l'exubérant. Et c'est bien le cas à la seule vue de la pochette mettant en scène un personnage improbable qui fait penser à un figurant de carnaval vénitien surgissant d'un film du cinéma bis. L'accoutrement de Gianni Leone est en fait un patchwork de vêtements et tissus personnels voire familiaux avec lesquels il s'est composé ce déguisement (Gianni adore se déguiser !). Et comme toujours avec Gianni Leone, le grotesque côtoie le mystique. C'est ainsi que l'album s'appelle Lemures, évoquant ainsi ces spectres bien particuliers qu'étaient les lemures, en fait des revenants à l'esprit plutôt malsain, dans l'antiquité romaine.
Au niveau création artistique, je ne vois pas bien comment on changerait Gianni aujourd’hui. C'est donc musicalement toujours aussi sombre, souvent hanté, parfois même heurté. Gianni Leone se plaît dans des atmosphères sonores torturées desquelles émergent des moments plus mélodiques qui constituent de très belles, mais rares, parenthèses marquées par une sensibilité exacerbée ("certezze fragile", "il vento poi"). Difficile également d'échapper à quelques sonorités technoïdes et autres ambiances new wave, réminiscences de l'autre face trouble de Gianni Leone, aka Leo Nero, heureusement limitées et concentrées sur le morceau "oceani sconosciuti". Gianni Leone fait partie de ces artistes qui expulsent leurs passions et leurs traumas avec une telle force et une telle conviction que l'auditeur se retrouve pris malgré lui dans un vrai maelström émotionnel ("L'ombra degli dei" et encore "il vento poi"). Au niveau rythmique, on balance entre frappes pesantes et patterns saccadés, l'opener "incubo succobo" en étant un parfait exemple, du genre instrumental sabbatique qui vous met mal à l'aise rien qu'à l'écouter. En clair, on retrouve toutes les particularités tant harmoniques que rythmiques qui font la marque de fabrique de Gianni Leone. 

Mais il y a aussi toujours, chez cet artiste hors norme et fantasque, cette étonnante capacité à donner vie à des œuvres musicales qui, au delà d'un côté parfois délirant ("napoli sotterranea"), acquièrent toutes une personnalité qui dépasse à chaque fois largement le simple statut de chanson. On pourra parfois trouver des similitudes de style avec ELP (encore que !) et pourtant, jamais je n'ai ressenti un morceau de l'illustre trio anglais, même le plus puissant, avec cette impression d'être face à une créature vivante ("l'ombra degli dei"). Car, de fait, je vois plutôt les créations de Gianni Leone comme des êtres qui prennent vie dans le temps imparti que leur donne leur démiurge romain. Comment affronter et ressentir autrement un monument comme "Labyrinthus" ? Vous pouvez trouver, à juste titre, cette chronique délirante, mais je vous promets qu'elle est à la hauteur de ce qu'a produit Gianni Leone avec son Balleto di Bronzo du XXIème siècle. 

Ce qui est sûr, c'est que cinquante ans après sa sortie, les nostalgiques de Ys ne seront pas déçus par son lointain descendant. Sans même parler de "deliquio viola", qui est sans doute l'acmé de cet album, des titres comme "lemofago" et "l'ombra degli dei",  peuvent carrément constituer des dignes prolongements des célèbres incontri ! D'une manière aussi improbable que passionnante, Gianni Leone ajoute donc un chapitre majeur, à l'histoire épisodique d'un groupe mythique du rock progressif italien.

Les musiciens jouant avec Gianni Leone sont Riccardo Spilli (batterie) et Ivano Salvatori (basse) qui l'accompagnent déjà depuis un moment sur scène.

La trackist :

  1. incubo succubo
  2. oceani sconosciuti
  3. lemofago
  4. napoli sotterranea
  5. l'ombra degli dei
  6. labyrinthus
  7. certezze fragili
  8. deliquio viola
  9. il vento poi


    Label : Black Widow Record

 

dimanche 9 avril 2023

La Giostra Di Vetro


Çà sort de nulle part et çà sonne vraiment très bien. Pour l'instant La Giostra Di Vetro propose deux titres en écoute sur YT d'un futur album qui doit s'appeler Dove sua l'anima. Comme d'habitude, je vous tiens au courant pour la suite.

'Il tua daimon"

"Nel delirio"

mercredi 5 avril 2023

Luca Scherani : Everything's changing

Vous avez entendu parler de La Coscienza di Zeno, de Trama, de Höstsonaten, de Merlin The Rock Opera  de Fabio Zuffanti, alors vous connaissez Luca Scherani ! C'est aussi lui qui a assuré récemment une bonne partie de la conception de l'album solo de Stefano Lupo Galifi (Museo Rosenbach), Dei Ricordi, un museo. C'est vous dire si ce musicien, en plus d'être un garçon charmant et gentil, sait se rendre indispensable. Plus de dix années après le très réussi Everybody's waiting, il sort (enfin) son quatrième album solo. Le mutisme de son groupe phare, La Coscienza di Zeno, explique peut être cette envie de combler un vide comme semble le démontrer la deuxième piste, "Il discorso", qui nous permet d’entendre à nouveau la voix si expressive, si italienne d'Alessio Calandriello dans un style similaire à celui de la Coscienza di Zeno. Mais non, en fait ce Everything's changing est bien une création solo de Luca Scherani qui nous présente toutes les facettes d'une personnalité artistique plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Car si l'on connaît et apprécie le Luca Scherani délivrant des compositions se distinguant par leur finesse extrême ("Piccole gocce", "Awondalimba" ou encore "La necessità" et son bouquet de quatre flûtes enrobé par un délicat arrangement de synthé), ou par leur romantisme exacerbé en format musique de chambre ("Prologo frammentario", "Nebbia sul buio"), il est aussi capable de nous étonner avec des pièces beaucoup plus aventureuses comme le légèrement technoïde "Everything's changing" qui fonctionne sur une gamme pentatonique à résonance orientale ou encore avec la mini suite "La ragione" qui se termine par une longue explosion symphonique. Dans un genre radicalement différent, "Un viaggio verso un sogno" s'affiche d'abord franchement jazz-rock avant de pencher vers quelque chose de plus pop tout en restant dans un registre délicieusement jazzy. Les cuivres sont ici mis en avant et l'ami Martin Grice est comme toujours impérial au saxophone. "Un viaggio verso un sogno" est évidemment un titre très accrocheur qui permet aussi de découvrir la magnifique voix de Sefora Firenze pour une séquence très Matia Bazar (Sefora a clairement des intonations qui rappellent le chant de la grande Antonella Ruggiero, au point que c’en est troublant). Luca  signe également avec "Ghiaccio calpestato", une perle de musique minimaliste mélodique à la frontière de l'avant-garde. L’enchaînement avec "Cristina" est d'ailleurs bien vu tant cette pièce prolonge la précédente avec cette fois une incursion vers le sérialisme de Pierre Boulez. J'ai bien sûr un faible pour "Il cosmo" marqué par cette progression, prenant la forme d'un crescendo, matérialisée par ce passage de relais qui se fait entre le quatuor à cordes, qui débute le morceau, et le groupe rock, duquel émane la guitare lead de Paolo Ballardini, qui amène le titre jusqu'à son outro. Arrivé presque au terme de cet album, vous aurez remarqué je l'espère, la récurrence d'un thème que l'on retrouve, sous une forme à chaque fois un  peu différente,  à quatre reprises dans l'album, d'abord sur "Il discorso", puis sur "La ragione" et "La necessità" et enfin sur "Il cosmo" justement. Ces quatre morceaux sont en fait les quatre passages d'une suite en quatre mouvements imaginée par Luca pour illustrer musicalement la théorie du mouvement et de l'écoulement perpétuel défendue par Héraclite ("Tout passe, rien ne reste"). Il est aussi bon de noter que Luca termine l'album sur une pirouette inattendue avec "Ein lied: der soldatenfriedhof in Bruneck". Il s'agit, comme son nom l'indique, d'un lied, c'est à dire d'un poème écrit en allemand et mis en musique avec une association piano/voix, cette dernière prenant une connotation lyrique en la personne de la soprano Chiara Bisso qui est parfaite dans ce rôle de composition. J'avoue rester assez hermétique à ce type d'exercice, mais c'est le choix de Luca. 
J'avais déjà grandement apprécié Everybody's waiting sorti en 2012 (il est d'ailleurs présenté en détail dans mon livre Plongée au cœur du rock progressif italien), mais je dois dire qu'avec Everything's changing, Luca Scherani franchit un cap important, sans aucun doute celui de la maturité artistique pour un musicien qui a aujourd’hui quarante cinq ans et encore un bel avenir devant lui. En tout cas Everything's changing est un très bel album qui démontre l'immense talent d'écriture de son créateur et ordonnateur. Luca est un des rares musiciens, parmi tous ceux que je connais, à être capable de marier avec autant de bonheur la musique classique avec des styles musicaux plus modernes pour nous proposer in fine des pièces parfaitement construites et sonnant magnifiquement ("la ragione" en est un sacré exemple). Bellissimo !

Aux côtes de Luca, on trouve nombre de musiciens de la sphère génoise à commencer par Fabio Zuffanti (Finisterre, Höstsonaten, La Maschera Di Cera), Paolo Tixi (Il Tempio delle Clessidre), Andrea Maddalone (New Trolls), Matteo Nahum (Nanaue, Höstsonaten, La Maschera Di Cera...), le guitariste soliste Pino Ballardini (Ballard), mais aussi une légende en la personne de Bob Callero (Osage Tribe, Duello Madre, Lucio Battisti...) sans parler de la famille avec Joanne Roan et Alice Scherani, que j'ai connu toute petite. C'est dire si Luca est bien entouré ! 
 

Les musiciens : Luca Scherani (claviers, guitares, basse, percussions, programmation, vocoder, bouzouki, glockenspiel, flûte), Alessio Calandriello (chant), Paolo Tixi (batterie), Fabio Zuffanti (basse), Bob Callero (basse), Andrea Maddalone (guitares), Matteo Nahum (guitares), Paolo Ballardini (guitares),  Marco Callegari (trompette), Martin Grice (saxophone), Stefano Massera (harpe), Joanne Roan (flûte), Alice Scherani (flûte) + le quatuor à cordes composé de Sylvia Trabucco (violon), Alice Nappi (violon), Ilaria Bruzzone (violon), Chiara Alberti (violoncelle).


La tracklist (vous pouvez écouter les titres en cliquant dessus): 

1. Piccole gocce
2. Il discorso
3. Prologo frammentario
4. Everything's changing
5. Un viaggio verso un sogno
6. Nebbia sul buio
7. La ragione
8. La necessità
9. Ghiaccio calpestato
10. Cristina
11. Awondalimba
12. Il cosmo
13. Ein lied der soldatenfriedhof in Bruneck 

Voilà le lien pour commander le CD via BTF.IT

dimanche 26 mars 2023

Prometheo : La crociata degli scomunicati

Au rythme d'un album tous les deux ans, les musiciens du groupe Prometheo annoncent leur nouvelle livraison pour cette année 2023. Après les projets conceptuels, D'un fuoco rapito, d'un giovane uomo, d'un amore insensato en 2019 et Quello che rimane en 2021, les natifs de Bari nous proposent cette fois en avant première de leur album Stupor Mundi, un premier titre "La crociata degli scomunicati "qui retrace la croisade pacifique des excommuniés, menée en 1229 par l'empereur des Romains, Frédéric II. Celui-là même que le pape Grégoire IX frappera d'excommunication et qualifiera d'Antéchrist. Celui là même qui s'autoproclamera roi de Jérusalem à son arrivée en Terre Sainte. Celui-là même qui fût surnommé l'enfant d'Apulie en raison de son attachement pour la région des Pouilles, qui se trouve être aussi celle des membres de Promotheo justement.    

Ce premier titre, excellent, incontestablement épique avec ses chœurs puissants, très cinégénique dans sa dernière partie,  annonce le meilleur pour la suite, c'est à dire l'album Stupor Mundi.

Le groupe : Alessandro Memmi (guitare, chœurs), Alessandro Rana (batterie), Andrea Tarquilio (chant, choeurs), Andrea Siano (claviers, synthétiseurs, chœurs), Ashley Symons (flûte traversière, ottavino),
Francesco Schiavone (basse), Alessio Roma (chœurs), Michele Antonacci (chœurs)

Voici donc les liens pour écouter ce titre :

Leur page bandcamp

sur YT


dimanche 19 mars 2023

Malombra : T.R.E.S.


Malombra c'est bien sûr la perle noire du cinéma italien tournée durant la seconde guerre mondiale, un mélodrame psychanalytique, gothique avant le gothique, avec une touche de surnaturel projetant vers le fantastique. Mais Malombra, pour ce qui nous concerne, c'est un groupe italien qui fait partie intégrante du paysage du dark et doom prog génois. La formation qui existe depuis maintenant trente ans a pour leader et chanteur, l’énigmatique Mercy (Renato Carpaneto pour les amis) qui officie aussi  dans l'insaisissable formation IANVA. Mercy a aussi fait partie d'Il Segno del Comando jusqu'en 2002, groupe qu'il a co-fondé avec Diego Banchero. Le même Diego a tenu un temps la basse dans le Malombra nouvelle formule de 2001 (album The Dissolution Age). Vous suivez toujours ? C'est pas fini ! Si vous consultez la discographie de Malombra, vous constaterez qu'il y a un trou de quinze années entre les deux premiers albums (Malombra en 1994, Our Lady Of The Bones en 1996) et The Dissolution Age en 2001. 
L'histoire (car il y a toujours des histoires avec moi, vous le savez bien), c'est que le groupe d'origine a splitté peu après la sortie de Our Lady Of The Bones alors même qu'un troisième album était déjà en chantier. Les compos étaient écrites et la pré production avait été réalisé. Sur l'impulsion de Black Widow, Mercy et Matteo Ricci, deux des cinq membres du groupe d'origine, sont retournés en studio l'année dernière, pour finir le travail et quel travail ! Imaginez que ces deux musiciens se gavent depuis toujours au heavy gothique des pères fondateurs italiens, Jacula, Antonius Rex et Devil Doll (et pas que, car Hawkwind est également une réelle source d'inspiration). Vous pouvez déjà deviner ce que çà donne au niveau musical. Ces nochers des enfers ne sont jamais aussi à l'aise que dans le dark blow et le hard scrofuleux. Et il faut reconnaître que pour cette renaissance inattendue, ils se surpassent.
L'écoute de cet album c'est un peu comme se faire les montagnes russes à la foire du Trône assis dans une nacelle à laquelle on s'accroche comme on peut. "Baccanalia" tangue dans tous les sens avant de se décomposer lentement. "Astarta Syriaca" vous entraîne dans un gouffre doom qui sent le souffre à plein nez avec des chapelets de tritons en arrière plan sonore. Pendant ce temps, "Fantasmagoia 1914" vous écrase de toute sa pesanteur malgré un pont central qui prend un peu de hauteur grâce à sa mélodie ascendante lumineuse à connotation médiévale (Ré/Sol/La/Ré/Do/Si). Bien sûr "Allucinazione ipnagogica" frise la folie psychédélique avec une tonalité particulière protée une progression d'accords en 7ème augmentée sus4. Mais le grand rendez-vous, ce sont les dix sept minutes et quelques du monstrueux "Cerchio Gaia 666" entre rock orgiaque, représenté par des riffs de guitare délirants, et messe noire illustrée par les appogiatures maladives d'un orgue démoniaque. "Cerchio Gaia 666" est un hard gothique poussé à son paroxysme qui n'accorde aucun répit à l'auditeur, car même la partie centrale en apparence plus calme (9'55 à 12'23) n'est en fait qu'un marais sonore glauque déprimant à l’extrême avec un Mercy dont le récitatif se révèle plus menaçant que murmurant. La rémission (je n'ose même pas écrire l'espoir) semble venir de l'éponyme "Malombra", longue complainte désabusée sur laquelle la voix de Mercy prend des accents à la Fabrizio De Andre. On entend même un piano, pour le moins frivole au regard de l'ambiance générale, qui courre pendant quelques secondes sur son erre. Mais non, décidément cette élégie termine mal et finit en un monstrueux tourbillon pagan. Heureusement, il y a "La sola immanenza". Ah que cet instrumental de trois minutes porte bien son nom (d'ailleurs, sur cet album, tous les titres des morceaux sont parfaitement choisis). Mercy y est un récitant solennel aux paroles salvatrices, un prêcheur qui augure de la lumière après l'apocalypse. 
Au delà du fait de se rappeler au bon souvenir de l'école italienne du dark prog, qui a fait depuis beaucoup d'émules (à commencer par La Janara, Una Stagione all'inferno et bien sûr Mater a Clivis Imperat), avec  T.R.E.S. les membres survivants de Malombra nous délivrent un testament posthume qu'il aurait été franchement dommage de ne jamais connaître. C'est chose faite aujourd'hui !
 
Une fois encore Black Widow a mis le paquet car outre la version CD,  vous avez le choix entre le double LP vinyle avec un livret de 32 pages ou un coffret édition spéciale avec le double LP vinyle coloré marbre, un livret de 36 pages et plein de trucs en plus (stickers, lien mp3 pour écouter 4 titres live de 1995) 

Le groupe : Mercy (chant, Fairlight), Matteo Ricci (guitares, basse, Mellotron, Vocoder), Fabio Cuomo (batterie, claviers), Giulio Gaietto (batterie, Odissey sur "Allucinazione ipnagogica")
 
La tracklist
  1. Astarta Syriaca
  2. Baccanalia
  3. Malombra
  4. Allucinazione ipnagogica
  5. Cerchio Gaia 666
  6. Fantasmagoia 1914
  7. La sola immanenza

dimanche 12 mars 2023

Il Cerchio d'Oro : Pangea e le tre luna

 

Le nouvel album d'Il Cerchio d'Oro devrait enfin sortir cette année. Si la composition de la formation ligurienne reste stable avec les jumeaux Terribile à la batterie et à la basse, Piuccio Pradal au chant et à la guitare, Franco Piccolini aux claviers, Massimo Spica à la guitare, il y a par contre quelques invités intéressants qui ont collaboré avec des groupes mythique du RPI : Donald Lax au violon (Quella Vecchia Locanda), Tolo Marton à la guitare (Le Orme), Ricky Belloni à la guitare (New Trolls mais aussi Battiato, CLaudio Rocchi, Equipe 84 et Nuova Idea).

Pour patienter, voici déjà un (petit) teaser YT

et la tracklist : 

  1. Pangea
  2. Alla derivà
  3. Dialogo
  4. Le tre lune
  5. Dal nulla cosi
  6. E la vita inizio

dimanche 26 février 2023

Tritop: Rise of Kassandra (trad. it)

 
In generale, sono piuttosto diffidente nei confronti dei gruppi che spuntano dal nulla e dichiarano di voler fare rock progressivo. Stranamente, questo mi rende diffidente. E poiché i membri dei Tritop hanno comunicato molto nel genere "vedrai cosa vedrai", ammetto che ero piuttosto dubbioso su ciò che avrebbe potuto dare. Ma ora, dopo diversi ascolti, vi consiglio questo album perché è davvero molto buono con forti influenze di Flower Kings, Magie Pie e persino Spock's Beard ma meglio! (non picchiatemi, è una battuta). Tra l'altro, i musicisti che intervengono in questo disco sono davvero delle spade nel proprio dominio, il giovane batterista Ivo Di Traglia è anche il padrone di questa faccenda visto che è anche il compositore e arrangiatore dei quattro brani presentati. Parliamo della musica che ci viene offerta. "Delighted Insanity" mi piace molto, ma la sua (eccessiva) vicinanza agli Spock's Beard e a Neal Morse mi obbliga a deplorare una piccola mancanza di originalità che scompare rapidamente non appena la band passa alle parti strumentali (in particolare la lunga sequenza che chiude il brano). "Island of Servitude" è più orientata verso il versante dei Flower Kings e si distingue grazie all'ottimo lavoro di Ivo Di Traglia sulle ritmiche, che è ciò che conferisce interesse al brano, che altrimenti sarebbe stato meno orecchiabile. Avrete notato che sto snocciolando i brani nell'ordine sbagliato. È normale, perché ho tenuto i due migliori per la fine! Innanzitutto, una "menzione speciale" per la prima traccia dell'album, "Rise of Kassandra", che ha tutte le carte in regola per essere una bella epopea sinfonica con una densità piuttosto bluffante per un brano che dura 13 minuti. E soprattutto un pollice in su per "The Sacred Law of Retribution". Questo lungo brano di 23 minuti e 46 è un bel tour de force costituito principalmente da una successione mozzafiato di sequenze e fasi perfettamente legate da variazioni molto riuscite, con sorprese a ogni cambio di direzione. Si pensa ancora una volta molto alla scuola svedese (ancora i Flower Kings ma anche Anekdoten, Karmakanic e persino Landberk per le parti di Mellotron) e, all'estremo opposto, agli Haken con qualche incursione nel prog metal. Da sottolineare anche la qualità delle linee vocali, particolarmente curate. Quel che è certo è che il finale del brano è esemplare in termini di decollo emotivo. L'album uscirà il 25 febbraio 2023 e, a mio parere, vale la pena di aspettare. I detrattori del rock progressivo italiano (ce ne sono, lo so) dovrebbero essere completamente spazzati via. E non parlo nemmeno dell'elegante copertina. In poche parole: i Tritop sono i migliori!.

A proposito, vi segnalo il bandcamp della band: Tritop120
 
La band: Ivo Di Traglia (batteria), Pierfrancesco Di Pofi (tastiere, pianoforte, organo Hammond, synth, Mellotron), Francesco Caponera (chitarra elettrica), Jacopo Tuzi (basso), Mattia Fagiolo (voce),
Iacopo Di Traglia (testi).
 

Tracklist :  
 
1 - Rise of Kassandra
2 - Delighted Insanity
3 - Island of Servitude 
4 - The Sacred Law of Retribution
 

samedi 25 février 2023

Lorenzo Cellupica : in a haunted house

 

Aujourd'hui, je vous propose le premier album solo de Lorenzo Cellupica que nous connaissons dans le petit monde du rock progressif italien, car il est le claviériste du groupe Mobius Strip, une formation assez récente, du centre de la botte, qui a sorti pour l'instant deux albums, Mobius Strip en 2017 et Time Lag en 2021. In a haunted house est un album entièrement instrumental dans lequel Lorenzo Cellupica ne s'accompagne que de son piano. L'exercice est donc exigeant mais l'italien peut s'appuyer sur une solide formation classique pour développer ses idées avec un maximum d'efficacité et surtout d'expressivité. Musicien expérimenté et multi-styles, Lorenzo nous entraîne dans une longue balade faite de paysages changeant au gré des gammes et des trames (classique, jazz, latin, pop, swing et même blues) qu'il utilise à la perfection pour s'exprimer et raconter ses histoires. Le registre général est assez romantique avec toutefois, et heureusement, des variations importantes sur les métriques, ce qui permet de donner du rythme à tout l'album. A l'écoute de" We can work it out" et "round midday" vous constaterez également que Lorenzo Cellupica a sa propre vision des grands classiques de la pop (Beatles) et du jazz (Thelonious Monk). A propos de ce dernier titre qui fait bien sûr allusion à "round midnight", vous l'aviez compris, je dois dire qu'en rapprochant son interprétation (libre on est d'accord) de la version, conventionnelle cette fois, de Michel Petrucciani, il m'est venu comme une évidence qu'il existait une forme de lien musical entre Lorenzo Cellupica et Michel Petrucciani, en tout cas pour cet album. A confirmer. Concernant le groupe mère de Lorenzo, ceux qui ont aimé les deux albums de Mobius Strip ne devraient pas être tant dépaysés que çà car on retrouve beaucoup de similitudes. La raison principale étant, sûrement, la présence évidente de l'empreinte artistique prégnante de Lorenzo Cellupica quand il compose et joue avec son collectif. In a haunted house est en tout cas, un très très beau moment de musique, qui m'a fait réécouter avec délices les deux albums de Mobius Strip. 

vendredi 24 février 2023

Tritop : Rise of Kassandra

En général, je me méfie pas mal des groupes sortis de nulle part qui affirment haut et fort qu'ils vont faire du rock progressif. Bizarrement, çà me met sur mes gardes. Et comme les membres de Tritop ont beaucoup communiqué dans le genre "vous allez voir ce que vous allez voir", j'avoue que j'étais assez dubitatif sur ce que çà pouvait donner. Mais là, après plusieurs écoutes, je vous recommande cet album car il est vraiment très bon avec des influences marquées du côté des Flower Kings, de Magic Pie voire même à l’occasion de Spock's Beard mais en mieux ! (me tapez pas dessus, c'est pour rire). Accessoirement les musiciens qui interviennent sur ce disque sont vraiment des épées chacun dans leur domaine, le jeune batteur  Ivo Di Traglia étant également le maître d’œuvre de cette affaire puisqu'il est aussi le compositeur et l'arrangeur des quatre titres présentés. Parlons donc justement maintenant de la musique qui nous est proposée. J'aime beaucoup "Delighted Insanity ", mais sa (trop) grande proximité avec Spock's Beard et Neal Morse m'oblige à déplorer à ce niveau un petit manque d'originalité qui disparaît vite dès que le groupe passe sur les parties instrumentales (notamment la longue séquence qui clôt le morceau). "Island of Servitude" penche plus du côté Flower Kings et se distingue par un gros travail d'Ivo Di Traglia sur les rythmiques, c'est ce qui donne son intérêt au morceau qui aurait sans doute autrement été moins accrocheur. Vous aurez remarqué que je déroule les titres dans le désordre. Normal, car j'ai gardé les deux meilleurs pour la fin ! Tout d'abord, "mention spéciale" pour le  premier morceau de l'album, "Rise of Kassandra", qui a tout d'un bel épique symphonique avec une densité assez bluffante pour un morceau qui dure 13 minutes. Et surtout un pouce levé pour "The Sacred Law of Retribution ". Cette longue pièce de 23 minutes 46 représente un joli tour de force consistant principalement en une succession époustouflante de séquences et de phases parfaitement enchaînées comprenant des variations très réussies, avec des surprises à chaque changement de direction. On pense ainsi à nouveau beaucoup à l'école suédoise (toujours les Flower Kings mais aussi Anekdoten, Karmakanic et même Landberk pour les parties de Mellotron) et, à l'autre extrême, à Haken avec quelques incursions dans le prog métal. Il faut aussi souligner la qualité des lignes vocales qui sont particulièrement soignées. Ce qui est sûr c'est que la fin du titre est exemplaire en matière de décollage émotionnel. L'album sort le 25 février 2023 et à mon avis cela vaut vraiment le coup de s'y intéresser. Les contempteurs du rock progressif italien (il y en a, je le sais) devraient être complètement bluffés. Et je vous parle même pas de l'artwork de la couverture qui est classieux. En résumé et en peu de mots : Tritop c'est le top !
Je vous communique au passage le bandcamp du groupe : Tritop120

Le groupe : Ivo Di Traglia (batterie), Pierfrancesco Di Pofi (claviers, piano, orgue Hammond, synthés,  Mellotron), Francesco Caponera (guitare électrique), Jacopo Tuzi (basse), Mattia Fagiolo (chant), 
Iacopo Di Traglia (paroles).
Invités : Peter Cornacchia (guitare acoustique, guitare classique, mandoline), Simone Cozzetto (guitare électrique, guitare steel, guitare acoustique), Andrea Ricci (guitare électrique), Vincenzo Mancini (guitare électrique), Emanuele Andolfi (guitare électrique), Pasquale Ripa (guitare électrique)


La tracklist :  
 
1 - Rise of Kassandra
2 - Delighted Insanity
3 - Island of Servitude 
4 - The Sacred Law of Retribution

 

 

 

Parution le 25 février 2023


dimanche 12 février 2023

Elisa Montaldo + Barbara Rubin : due brano in vivo (testo in italiano)

Elisa Montaldo e Barbara Rubin vi propongono due canzoni tratte dal loro primo concerto live tenutosi il 3 dicembre 2022 al Teatro La Claque di Genova. Entrambe hanno lavorato sulle registrazioni per ricreare il più vicino possibile alla realtà, l'universo unico e irreale di quella serata memorabile in cui erano circondate da tutti i loro amici presenti per ascoltarle e sostenerle. La qualità del suono è professionale perché quella sera l'ingegnere del suono Andrea Torreta era alla console per registrare il concerto organizzato da Massimo Gasperini e Pino Pintabona della Black Widow Records.

In attesa del seguito più consistente del loro progetto (avrai informazioni regolari in questo blog), avrai così l'opportunità di approfittare di due riprese: "Moonchild" estratto da In The Court of The Crimson King e "La Stanza Nascosta" tratto dal primo album de Il Tempio del Clessidre. È bene precisare che queste due riprese hanno la loro originalità. Questo è particolarmente vero per "Moonchild" con questa melodia indimenticabile cantata da due donne che ovviamente dà un colore diverso a questa canzone, le voci di Barbara ed Elisa che si alternano e separano per un risultato che sublima l'originale. Si sarebbe potuto anche credere che, essendo "La Stanza Nascosta" un brano composto e suonato da Elisa con Il Tempio delle Clessidre, la performance sarebbe stata identica o almeno molto vicina all'originale. Ma anche qui il brano prende la sua strada e appare in una luce nuova. Naturalmente l'esecuzione acustica piano/violino esalta il brano ma c'è anche la presenza dei canti lead di Barbara ed Elisa che portano un supplemento di dolcezza a questa canzone.
In ogni caso, avete la prova che queste due musiciste sono fatte per andare d'accordo e offrirci il meglio! È ciò che auspichiamo e aspettiamo con impazienza.
Nel frattempo Barbara ed Elisa saranno sul palco il 18 febbraio al Forum 19 a Veruno.
Entrambi i singoli sono disponibili esclusivamente sul loro negozio Bandcamp ad un prezzo simbolico in file wav di alta qualità. Ecco il link del sito: clicca qui .

dimanche 5 février 2023

Elisa Montaldo + Barbara Rubin : Moonchild

Elisa Montaldo et Barbara Rubin vous proposent deux chansons tirées de leur premier concert live qui s'est déroulé le 3 décembre 2022 au Théâtre La Claque à Gênes. Elles ont toutes les deux travaillé sur les bandes enregistrées pour recréer au plus près de la réalité, l'univers unique et irréel de cette soirée mémorable où elles étaient entourées de tous leurs amis présents pour les écouter et les soutenir. La qualité sonore est professionnelle car ce soir là l'ingénieur du son Andrea Torreta était à la console pour enregistrer le concert organisé par Massimo Gasperini et Pino Pintabona de Black Widow Records.

En attendant la suite plus consistante de leur projet (je vous tiendrai au courant), vous allez avoir ainsi l'opportunité de profiter de deux reprises : "Moonchild" extrait d'In The Court of The Crimson King et "La stanza nascosta" tirée du premier album d'Il Tempio del Clessidre. Il est bon de préciser que ces deux reprises ont leur propre originalité. C'est tout particulièrement vrai pour "Moonchild" avec cette mélodie inoubliable chantée par deux femmes ce qui donne évidemment une couleur différente à cette chanson, les voix de Barbara et d'Elisa intervenant alternativement en canon et à l'unisson. On aurait également pu croire que, "La Stanza Nascosta" étant un morceau qui a été composé et joué par Elisa avec Il Tempio delle Clessidre, le rendu serait à l'identique ou tout au moins très proche de l'original. Mais pourtant là aussi, le titre emprunte son propre chemin et apparaît sous un jour nouveau nouveau. Bien sûr l'exécution acoustique piano/violon sublime le morceau mais il y aussi la présence des chants lead de Barbara et d'Elisa qui amènent un supplément de douceur à cette chanson. 

Vous avez en tout cas là, la preuve que ces deux musiciennes sont faites pour s'entendre et nous offrir le meilleur !

Les deux singles sont exclusivement disponibles sur leur boutique Bandcamp à un prix symbolique en fichiers wav de haute qualité. Voici le lien du site : cliquez ici


dimanche 29 janvier 2023

Sophya Baccini's Aradia : Runnin' with the wolves

L'été dernier à Gênes, Sophya m'avait donné en avant première le titre de sa nouvelle chanson "Runnin' with the wolves". La voilà donc en version flexi disc, en attendant l'album qui devrait sortir cette année. Et comme toujours avec Sophya, çà promet du grandiose. Vous remarquerez, qu'une fois de plus Sophya s'est entourée d'un personnel féminin qui est pour l'occasion en grande partie renouvelé. Il reste Marilena Striano aux claviers et autrement Anaïs Noir, Chiara Cotugno, Sonia Scialanca et Francesca Masucci sont des nouvelles recrues. Nul doute que çà va assurer aussi de ce côté là ! 

Label et distribution : Black Widow Records

dimanche 15 janvier 2023

Dark Ages : Between us

 


Mine de rien et sans faire de bruit, le groupe  Dark Ages a fêté ses quarante années d'existence en 2022. Son histoire a été en fait moins linéaire qu'il n'y parait avec une première période d'une dizaine d'années marquée par la sortie d'un album en 1991, Saturnalia, avec Barbara Guia au chant, posant les bases d'un prog métal efficace et mélodique. Le groupe a ensuite splitté et s'est reformé en 1996 dans une configuration renouvelée (le guitariste Simone Calciolari faisant le lien entre les deux époques). Après une longue période de flottement, Dark Ages s'est distingué en sortant Teumann, un rock opéra en deux parties (albums en 2011 et 2013). Puis en 2017, nouveau changement dans le groupe de Vérone avec le départ du chanteur Davide Cagnata (pas une grosse perte à mon avis) remplacé par Roberto Roverselli pour le très bon album A closer look sorti en 2017, beaucoup plus nuancé et léger que ses prédécesseurs. Nous arrivons ainsi en 2022 à Between us avec toujours le guitariste Simone Calciolari tenant bon à son poste, Angela Busato (claviers) et son frère Carlo Busato présents depuis 2008, donc désormais  considérés comme des piliers du groupe, à nouveau Roberto Roverselli au chant, ce qui est une bonne nouvelle, et un nouveau bassiste Gaetano Celotti.

Between us permet de retrouver un groupe au meilleur de sa forme. Dark Ages propose toujours sa formule prog métal très personnelle avec des sonorités typiques, particulièrement les riffs de guitare, héritées de la période Magna Carta (Cairo, Enchant, Ice Age etc...), donc des années quatre vingt dix / deux mille. Il faut reconnaître à ce groupe un vrai savoir-faire pour construire des courts épiques prog métal qui vous prennent aux tripes, avec un équilibre parfait entre des séquences catchy entrecoupées de phases de respiration le plus souvent prises en charge par Angela Busato avec des développements aux claviers (orgue, piano) voire même à la flûte. Dans cette catégorie, vous trouvez "Showdown",  "The villain king"  ou encore "Riddle from the stars" et sa longue ouverture en mode prog symphonique. Plutôt que de bêtement aligner uniquement des scuds construits sur le même modèle, Dark ages varie les plaisirs avec des morceaux plus sophistiqués comme "Beyond", un grand moment d'émotion forte, avec son intro à la guitare acoustique, ses harmonies vocales, la flûte d'Angela également à la manœuvre à l'orgue Hammnd et au piano. Juste après "Our lonely Shelter" se veut encore plus ambitieux avec le chant de Roberto Roverselli au maximum en terme d'emphase et avec un Carlo Busato qui se distingue avec cette drôle d'intro, assez inattendue, qui n'est en fait ni plus ni moins qu'un solo de batterie plutôt original dans le contexte, avec l'utilisation de temple blocks. On décernera à "Great escape", le prix du morceau le plus équivoque entre métal et prog old school, amusant certes mais l'exercice d'équilibrisme atteint ici ses limites. Mais la palme du meilleur morceau revient incontestablement à "There is no end", non pas parce que le titre fait douze minutes, mais bien car le groupe réussit l'exploit d'y déployer avec intelligence toutes les qualités que nous avons évoqué avant dans cette chronique : chorus de guitare en béton, lignes de chant accrocheuses, cassures rythmiques parfaitement dosées, solo d'orgue en feu, parties acoustiques (guitare et flûte), qui ont du sens et qui viennent à point nommé créer le décalage, sans même parler de ce pont central qui est un modèle du genre. Si "There is no end" n'est pas un grand morceau de prog métal, alors je ne m’y connais plus ! De manière plus générale et sans aucun doute possible, Dark Ages nous livre son album le plus réussi à ce jour.

La tracklist : 

1. Pristine eyes
2. Showdown
3. The villain king
4. Beyond
5. Our lonely shelter
6. The great escape
7. Riddle from the stars
8. There is no end

Le label est Andromeda Relix

mardi 10 janvier 2023

La Maschera Di Cera : tournée 2023

Très belle nouvelle avec cette annonce de la tournée des vingt ans + 1 (!) de La Maschera Di Cera. On parle ici d'une formation qui a marqué le prog italien de son empreinte en produisant six albums importants dont les sorties se sont étalées entre 2002 et 2020 avec au passage un point haut en 2013 (déjà !) avec Le Porte del Domani s'inspirant (au moins pour la pochette) de Felona e Sorona, l'album mythique de Le Orme. Le noyau dur de cette formation est constitué de Fabio Zuffanti, d'Agostino Macor et d'Alessandro Corvaglia. Plusieurs autres musiciens ont fait partie du groupe à commencer par le flûtiste Andrea Monetti qui était encore là en 2014 pour le concert en mai à Gênes avec Maurizio Di Tollo à la batterie et Laura Marsano à la guitare électrique mais ... sans Fabio Zuffanti remplacé pour l'occasion par Gugliemo Mariotti. La raison étant que Fabio devait prendre l'avion le même jour pour le Quebec où il devait jouer avec son ZBand (La Quarta Vittima). J’avais parlé longuement avec Fabio qui m'avait indiqué que La Maschera Di Cera c'était probablement fini. La suite a montré qu'il avait changé d'avis. Tant mieux ! L'album S.E.I. est arrivé en 2020 et son contenu a démontré qu'il fallait toujours compté avec La Maschera Di Cera

Les dates ne sont pas encore toutes fixées, mais il s'agit d'une tournée solide avec des concerts programmés en Italie (un pour l'instant, d'autres vont être annoncés bientôt), en Angleterre, au Québec. Mais surtout, nous aurons la chance de voir le groupe en Belgique (au Spirit of 66) et en France (çà c'est plus inattendu). Pour avoir vu plusieurs fois ce groupe sur scène, dans différentes configurations, je dois avouer qu'il se passe quelque chose à chaque concert au niveau de l’ambiance. En live, la musique de La Maschera Di Cera dégage un je ne sais quoi d'intense créant ainsi un univers envoûtant. Si vous pouvez attraper au moins un concert, faites le, vous ne seras pas déçu !

lundi 2 janvier 2023

Tony Carnevale : III Movimento

 

Si vous vous rappelez bien, dans mon premier livre Le Petit Monde du rock Progressif Italien, il y avait un album de Tony Carnevale qui était présenté. Il s'agissait de La vita che grida, un disque enregistré en 1995 qui avait la particularité de nous faire entendre Francesco Di Giacomo, au chant bien sûr, dans le morceau éponyme. Voilà pour la jonction avec le rock progressif italien. Pour le reste, c'est à dire l'essentiel, Tony Carnevale a un curriculum vitae de surdoué : il cumule les fonctions de pianiste, de directeur de chorale, de chef d’orchestre et enfin de directeur artistique pour plusieurs maisons de disques et présente une liste impressionnante de collaborations avec de grands artistes italiens dans plusieurs genres musicaux (Paolo Giuliani, Giampaolo Chiti, Alessandro Sbordoni, Giancarlo Bizzi, Michelangelo Lupone, Giorgio Kirschner, Patty Pravo), sans même parler de ses talents de compositeur qu’il a aussi exercés pour des musiques de films (pour les réalisateurs Luciano Emmer, Giorgio Treves, Alessandro Di Robilant, Carlo Lizzani, Giambattista Assanti, Enrico Caria, Francesca Pirani, Iole Natoliou) ou pour des spectacles. C'est de ce côté là qu'il faut chercher pour évoquer l'album dont nous allons parler aujourd'hui. Car III Movimento est en fait un projet qui date d'une vingtaine d'année (1999 exactement). Sous-titré "A Dance Opera for Symphonic-Rock Orchestra", la partition écrite par Tony Carnevale était en fait la bande originale d'une œuvre chorégraphique du même nom, réalisée en collaboration avec Elisabetta Melchiorri, qui a été jouée en Italie et dans le monde entier. Tony Carnevale en présente aujourd'hui une version remastérisée en analogique, mais surtout augmentée d'un morceau qui n'apparaissait pas sur l'originale ("incompiuta, part I"). 

Alors si vous avez raté la première édition, vous avez l'occasion de vous rattraper. Si vous aimez le mélange musique classique/rock symphonique XXL, si vous cherchez un équivalent à Keith Emerson, Rick Wakeman et  Pär Lindh du côté italien et enfin si vous apprécier, en vrai mélomane, la musique remarquablement composée et arrangée par un maestro, cet album est évidemment fait pour vous. Car là, pas d'approximation ou d à peu près, il s'agit de grand art. "Danza sul volcano" est une entrée en matière proprement affolante avec cette longue cavalcade furieuse, déchaînée à la limite du tribal et de l'incantatoire dans sa deuxième partie. Vous aurez bien sûr aussi un choc en écoutant l’étonnante réinterprétation de Pictures at an Exhibition de Modeste Moussorgski qui, après tout, se prête à merveille à ce genre d'exercice avec en prime, dans ce maelstrom de presque quatorze minutes, une courte citation dantesque d'Une Nuit sur le Mont Chauve. Car à l'instar de Keith Emerson mais dans un genre beaucoup moins pompier et démonstratif, Tony Carnevale n’hésite pas à proposer des thèmes musicaux incroyablement fantasmagoriques et explosifs, entre fantasia et rhapsodie. Pour vous donner un repère "moderne", pensez au pont de "Live and let die" (et pour cause !). Et bien voilà, vous y êtes, même si évidemment cette comparaison reste très réductrice. J'en veux pour preuve le recueilli et profond "Igrayne", sombre et sinistre, ou encore le féérique "Il cammino" qui mêle habilement  musique médiévale et musique du moyen orient. Le côté oriental imprègne d'ailleurs complètement "Incompiuta, part I". Quant à"Incompiuta, part I", il s'agit d'une composition absolument magnifique dont les envolées grandioses illustreraient à merveille n'importe quel grand film estampillé heroic-fantasy. Voici le teaser en ligne sur YT III Movimento qui devrait finir de vous convaincre du caractère exceptionnel de cet album.   

La tracklist : 

  1. Danza sul volcano
  2. Igrayne
  3. Quadri
  4. Il cammino     
  5. Incompiuta, part I
  6. Incompiuta, part II

dimanche 1 janvier 2023

Edito du Nouvel An et Bonne Année 2023 ! (trad. italiano) Buon e Felice 2023 !

 

FR: 2022 est une année que je ne suis pas près d'oublier : deux sorties de livres dont un en italien, des présentations de Giallo et Rosso en France et de Patrick Djivas -Via Lumière en Italie avec des rencontres formidables à la clé. Quand tu t'en donnes la peine, tu es toujours récompensé. Mon Maitre Frédéric Dard disais "Si vous n'attendez pas tout de la vie, vous n'aurez rien", comme il avait raison. Et moi, je trouve mes satisfactions dans les yeux des gens et dans les échanges verbaux souvent passionnants et enrichissants. Je ne sais pas comment remercier toutes ces personnes mais comme dit l'autre, le cœur y est. 

Voilà qui m'amène à un constat, pas nouveau, mais que je verbalise aujourd’hui : plus le temps passe, plus je me dis que je me sens bien dans ce "petit monde" dans lequel j'ai plaisir à me réfugier le plus souvent possible. A propos, il est temps que je vous donne quelques explications sur les origines du "Petit Monde du Rock Progressif Italien" car j'ai souvent des questions et même des remarques, surtout du côté italien, sur cette dénomination qui semble réductrice à certains. Le "Petit Monde du Rock Progressif Italien" vient tout simplement du "Petit Monde de Don Camillo". Je vous rassure, je ne suis pas calotin mais, tout petit, j'ai lu et relu la saga de Giovanni Guareschi . Je me suis alors fait une idée de l'Italie à travers ses livres. Quelques années plus tard, alors que j'étais encore adolescent, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'humanité et de bienveillance dans les petites histoires qui opposaient le curé Don Camillo et le communiste Peppone. Deux personnages, deux figures, mais surtout deux grands enfants naïfs tiraillés entre d'un côté leur soif de justice et d'égalité, et de l'autre des convictions idéologiques intenables sur la durée avec des chocs réguliers et inévitables entre la pureté de leurs aspirations et la dure réalité des comportements humains les plus basiques et parfois vils. Ce "petit monde" n'est ni plus ni moins qu'une fable avec pour toile de fond la comédie humaine. Avec "Le Petit Monde du Rock Progressif Italien" j'ai juste fait une transposition allégorique, en embarquant ainsi ce qu'il pouvait y avoir d'affectueux dans cette terminologie et aussi, je le reconnais, en y incorporant une forme d'idéal qui ne résiste bien sûr pas longtemps à l'épreuve de la réalité. 

Voilà j'ai fait mon coming out ! Maintenant c'est le moment de souhaiter une belle année 2023 à tous les amis du Petit Monde du Rock Progressif Italien et aux autres bien sûr. Je nous souhaite encore beaucoup de bons albums et de belles musiques à écouter en 2023. A très bientôt.  

IT: 2022 è un anno che non dimenticherò: due uscite di libri, di cui una in italiano, delle presentazioni di Giallo e Rosso in Francia e di Patrick Djivas -Via Lumière in Italia con incontri formidabili alla chiave. Quando ti dai da fare, vieni sempre ricompensato. Il mio maestro Frédéric Dard diceva: "Se non aspettate tutto dalla vita, non avrete nulla", come aveva ragione. E io trovo le mie soddisfazioni negli occhi della gente e negli scambi verbali spesso emozionanti e arricchenti. Non so come ringraziare tutte queste persone, ma come dice l'altro, il cuore è lì. 

Questo mi porta ad una constatazione, non nuova, ma che esprimo oggi: più il tempo passa, più mi dico che mi sento bene in questo "piccolo mondo" nel quale mi piace rifugiarmi il più spesso possibile. A proposito, è tempo che vi dia qualche spiegazione sulle origini del "Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" perché ho spesso domande e anche osservazioni, soprattutto da parte dei miei amici italiani, su questa denominazione che sembra riduttiva ad alcuni. Il "Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" deriva semplicemente dal "Il Piccolo Mondo di Don Camillo". Vi assicuro che non sono una calunnia, ma da bambino ho letto e riletto la saga di Giovanni Guareschi . Mi sono fatto un'idea dell'Italia attraverso i suoi libri. Qualche anno dopo, quando ero ancora adolescente, ho trovato molta umanità e benevolenza nelle piccole storie che contrapponevano il parroco Don Camillo e il comunista Peppone. Due personaggi, due figure, ma soprattutto due bambinoni ingenui combattuti da un lato la loro sete di giustizia e di uguaglianza, e dall'altra delle convinzioni ideologiche insostenibili nel tempo, con scontri regolari e inevitabili tra la purezza delle loro aspirazioni e la dura realtà dei comportamenti umani più elementari e talvolta vili. Questo "piccolo mondo" non è altro che una favola sullo sfondo della commedia umana. Con "Il Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano" ho appena fatto una trasposizione allegorica, imbarcando così quello che poteva essere affettuoso in questa terminologia e anche, Lo riconosco, incorporandovi una forma di ideale che non resiste certo a lungo alla prova della realtà. 

Ho fatto coming out! Ora è il momento di augurare un felice anno 2023 a tutti gli amici del Piccolo Mondo del Rock Progressivo Italiano e agli altri naturalmente. Vi auguro ancora buona musica e album nel 2023. A presto. 

dimanche 25 décembre 2022

Ma sélection des meilleurs albums de RPI pour 2022

Il s'est passé beaucoup de belles choses en 2022 dans le petit monde du rock progressif italien. 2022 restera comme un très bon cru. Sur une cinquantaine d'albums reçus et écoutés (évidemment), une trentaine ont retenu mon attention et au final douze forment mon top de l'année. Bien sûr, c'est dur pour les autres qui n'ont pas démérité, mais c'est le principe même d'une sélection sinon je ne vois pas l'intérêt. D'ailleurs, il s'agit bien d'une sélection, pas d'une compétition, donc il n'y a pas de classement précis, juste douze albums qui sortent du lot, selon mes goûts personnels, çà reste donc subjectif. Voilà pourquoi, je n'oublie pas pour autant de citer Banda Belzoni avec Timbuctu, De Rossi e Bordini, Habelard2 avec Punto di vista, L'Estate di San Martino avec Kim, Phoenix Again avec Vision, Enten Hitti avec Via Lattea,  RanestRane avec Apocalypse Now, Reale Accademia di Musica avec Lame di Luce, ZoneM avec Sono dentro di me. Ce qui me permet aussi de répondre par avance à la remarque à laquelle j'ai droit tous les ans "ah mais tu as oublié machin". Je n'oublie pas machin, je fais une sélection ! Reste le cas de Banco del Mutuo Soccorso avec Orlando - Le forme dell'Amore. Je me suis déjà exprimé sur ce disque et sur la formation actuelle. Je n'y reviens pas. Mais mon récent voyage en Italie me confirme qu'il y a des non-dits sur le groupe. On ne touche pas aux icônes ! L'année 2022 aura été également spéciale pour le RPI avec deux exhumations incroyables, d'abord Visione dai Tarrochi d'Arturo Stàlteri, un enregistrement datant de 1985 et surtout Sabba de Fiamma Dalla Spirito, un album enregistré en 1975 sur les cendres de Jacula et jamais publié, un miracle. Ce best of 2022 est marqué par plusieurs retours gagnants de groupes  connus qui sont déjà, pour la plupart, des valeurs sûres du prog italien :
 
- Aliante avec Destinazioni Oblique
- Daal avec Daedalus
- Macchina Pneumatica avec Appartenenza
- O.A.K. (aka Jerry Cutillo) avec Lucid Dreaming and The Spectre of Nikola Tesla
- Odessa avec L'alba della civiltà
- Sintesi di Viaggio del Es avec Gli alberi di Stavropol
- Sezione Frenante + Mauro Martello avec Prigioniero di visioni,

Mais il y a aussi cinq nouveaux venus très prometteurs :
Caravaggio, album Caravaggio TOP "1" 2022
- G.O.L.E.M. (pour Gravitational Objects Of Light, Energy And Mysticism), album G.O.L.E.M.
- Limite Acque Sicure, album Limite Acqua Sicure
- The Lost Vision Of  The Chandoo Priest, album The Lost Vision Of  The Chandoo Priest
- Mater a Clivis Imperat avec Atrox Locus
 
Voilà, j'espère que vous ferez quelques découvertes dans cette sélection, mais normalement si vous suivez ce blog (merci pour çà !), il ne devrait pas y avoir de grosses surprises pour vous. Je vous donne rendez vous l'année prochaine avec déjà quelques sorties annoncées intéressantes. Je pense à Il Cerchio d'Oro et surtout au nouveau Il Balleto di Bronzo qui s’appellera Lemures et qui s'annonce très bon sur ce que j'ai déjà entendu. Il y aura aussi sûrement quelque chose du côté de Mater a Clivis Imperat et là aussi çà promet. Voilà vous savez tout ou presque ! Passez bien la fin de l'année en écoutant de la bonne musique.